Le tableau s'annonce plutôt sombre pour 2016, vu la baisse, de près de moitié, des recettes pétrolières. Afin de l'éclaircir un peu, les experts économiques préconisent un certain nombre de mesures, parmi lesquelles il est question de diminuer les importations, booster l'industrie et l'agriculture. Mais il s'agit aussi, selon ces experts, de développer la ressource humaine et créer le million et demi d'entreprises qui manquent en Algérie. En 2011 et 2012 les recettes pétrolières de l'Algérie se sont établies à 70 milliards de dollars, alors que cette année, et selon les prévisions, nos recettes vont dégringoler à 35 milliards de dollars, soit une baisse de 50% par rapport à 2012. Lors d'une table ronde organisée à la chaîne de télévision Canal Algérie ayant pour thème : «Valeur du dinar : quel scénario pour 2016 ?», l'économiste Abdelhak Lamiri a expliqué que l'Algérie a pris une batterie de mesures pour faire face à la crise et notamment à la dévaluation du dinar. Ainsi, il est envisagé comme premier mécanisme de diminuer les importations et inciter les Algériens à consommer les produits fabriqués localement. Pour le deuxième mécanisme, il s'agit de booster l'industrie et l'agriculture pour pouvoir exporter plus nos produits. En réponse à la problématique de la dépendance aux hydrocarbures, cet expert et chercheur a regretté que l'Algérie n'ait «pas développé l'industrie et le tourisme susceptibles de sortir son économie de la dépendance à l'égard des hydrocarbures». Il n'est pas trop tard pour rectifier le tir, estiment néanmoins certains experts. Pour l'expert financier, Nabil Djemaâ, les facteurs clés de succès sont «le développement de la ressource humaine et la création d'un million et demi d'entreprises qui manquent en Algérie». «Regardez ce qui se passe dans certains pays tels que la Malaisie, la Chine… Il faut copier toutes les bonnes choses et les adapter au modèle algérien. Autrement dit, il faut penser à investir dans les cerveaux et non pas dans les infrastructures… Il faut aussi créer un million d'entreprises qui manquent en Algérie avec des méthodes scientifiques pour sortir le pays de cette impasse et faire face aux aléas des marchés mondiaux des hydrocarbures». Parmi d'autres solutions, certains experts préconisent l'ouverture des bureaux de change en Algérie, ce qui pourrait endiguer la baisse de la valeur du dinar. Pour cet expert, «depuis 95, on parle de cette problématique, c'est un marché libre et même les bureaux de change ne peuvent pas endiguer ce problème de dévaluation du dinar». Il juge important plutôt, d'aller vers «le développement de la productivité». «Si l'Algérie veut réellement devenir un pays productif, il faut ouvrir les investissements qui sont bloqués. il y a seulement 780 000 entreprises algériennes et avec la dévaluation du dinar de 22%, ces entreprises vont perdre 22% de leur capital. Pour que le dinar soit fort il faut créer 1,5 million d'entreprises algériennes permettant de booster la production nationale», a-t-il tranché. On doit également «ajuster le climat des affaires qui n'est pas sain en Algérie». Cet avis a été partagé par le professeur en économie, Farid Yaici, qui pense qu'il est meilleur pour notre pays de «déterminer les critères (coûts, foncier, délai, crédit...) permettant de créer les entreprises. Ce sont les facteurs qui bloquent l'économie algérienne. Est-ce que le système financier favorise l'activité économique ? autrement dit est-ce que le système bancaire actuel attire l'investissement étranger ou national ? est une autre question débattue lors de cette table ronde. Ces experts estiment que «les opérateurs économiques ont aujourd'hui des difficultés à obtenir des crédits». Ils relèvent aussi le problème du manque de concurrence ainsi que la Bourse qui n'est pas encore dynamique. Le DG de la Bourse d'Alger, Yazid Benmouhoub préconise , pour sa part, qu'«il faut analyser la décision des pouvoirs publics quant à l'ouverture du capital des entreprises publiques et améliorer le management des entreprises qui doivent passer par la Bourse». D'autres mesures sont également citées par ces experts qui favorisent la finance islamique. «On peut financer les entreprises par les «soukouks», puisque énormément d'opérateurs économiques ont une éducation islamique», a-t-on suggéré.