Situation n L'édition algérienne bute sur divers obstacles, ce qui freine son développement. Parmi ces difficultés, il y a la distribution, considérée par les professionnels comme le maillon faible de la chaîne de fabrication du livre. C'est ainsi que des éditeurs sont unanimes à dire que «la distribution reste un problème majeur en Algérie». «Il est vrai que la distribution est notre plus gros souci», reconnaît Samira Bendris Oulebsir des éditions El Ibriz. Et de renchérir : «Nous n'avons pas de véritable réseau de distribution efficace et professionnel.» L'éditrice estime que tous les professionnels du livre doivent s'organiser pour remédier au pro-blème qui maintient l'édition dans une situation végétative. «On devrait, nous autres éditeurs, nous pencher sérieusement et ensemble sur la question», dit-elle, et de poursuivre : «Il est vrai qu'on en parle tous, qu'on le déplore tous, mais on ne fait rien pour améliorer cette dramatique situation qui nous mène souvent à laisser tomber la profession, car on n'édite pas des livres pour les voir empilés chez nous sans bouger ou entassés dans un «dépotoir» morbide qui servirait de «point de chute» final duquel ils ne bougeront pas faute de visiteurs». Samira Bendris Oulebsir préconise, en l'absence d'un réseau de distribution structuré et orga-nisé, une alternative toute simple. «La distribution pour moi consiste à avoir des véhicules qui sillonnent tout le territoire national et déposent tous les livres dans toutes les librairies, bien sûr à condition qu'il y ait des librairies partout !», souligne-t-elle. Et s'il y en n'a pas, il faut en ouvrir, ne serait-ce que des espaces où le citoyen pourrait se rendre pour se procurer un livre de son choix. Les professionnels du livre estiment qu'il faut multiplier et développer le concept des bibliobus, ces véhicules qui, aménagés pour servir à la fois de bibliothèque et de librairie, sillonnent tout le territoire du pays, allant à la rencontre du lectorat et en en créant d'autres. Et il faut à chaque fois alimenter ces espaces mobiles afin de répondre aux besoins de tous les lecteurs. Les librairies ou bibliothèques mobiles permettent la circulation du livre. Samira Bendris Oulebsir regrette que le problème de la distribution sanctionne le lectorat et fait régresser son nombre, ce qui a malheureusement des répercussions négatives sur l'acte de lecture. Le livre n'est distribué que dans les grandes villes, mais dans les régions reculées du pays, il est inexistant. «Le lectorat est faible tout simplement parce qu'on ne fait rien pour faire aimer la lecture au citoyen », dit-elle. Pour elle, si on ne met pas le livre à la disposition du citoyen, comment celui-ci aimerait-il la lecture, sachant que celle-ci devrait commencer à l'école. «Il faut aider l'éditeur à augmenter son tirage et à distribuer ses livres partout en Algérie et ailleurs en créant des librairies dans chaque coin du pays », estime-t-elle, et d'ajouter : « Le livre devrait aussi rentrer à l'école et être à la portée de tous nos enfants partout, et ce, quelle que soit leur condition sociale – bien sûr, le choix du livre est capital.»