Parcours - C'est avec le livre intitulé Fière Algérie, que Samira Bendris Oulebsir a choisi de commencer sa carrière d'écrivaine. «En fait j'écris depuis longtemps mais par manque de confiance, je n'ai jamais publié mes écrits», confie-t-elle, et de renchérir : «J'ai commencé à écrire des nouvelles que j'ai mises de côté et je ne sais pas si, un jour, elles paraîtront. Très jeune, j'ai écrit des poèmes, mais pensant qu'ils étaient médiocres, j'ai tout déchiré et je le regrette maintenant. Mais le déclic, je l'ai eu à un moment très fort et douloureux. Je me le rappellerai toujours, c'est suite à l'assassinat du journaliste Ismaïl Yefsah. C'est ce qui m'a donné cette envie, cette rage d'écriture. J'ai écrit un texte très fort que j'ai déchiré par la suite. Avec cet ouvrage Fière Algérie, je voulais commencer par quelque chose qui marquera les esprits et surtout laisser quelque chose au pays.» Samira Bendris Oulebsir, outre sa passion pour l'écriture, en nourrit une autre, celle du livre ; et c'est pour cette raison qu'elle a décidé de se lancer dans l'édition. «Après des années de galère, j'ai enfin pu réaliser mon rêve et lancer, depuis quelques mois, ma maison d'édition, El Ibriz (or pur en arabe)», dit-elle, et de poursuivre : «J'ai entamé cette expérience par l'édition du roman de Karima Berger L'enfant des deux mondes.» Se lancer dans l'édition se révèle hasardeux et d'autant plus aventurier de débuter avec un roman d'un écrivain qui n'est pas connu en Algérie. Samira Bendris Oulebsir, qui reconnaît que ce livre est un coup de cœur, dira : «Karima Berger vit en France où elle publie des livres à succès, mais elle n'a jamais réussi à se faire publier en Algérie, faute d'intermédiaire et de maison d'édition. Donc, quand j'ai lu son roman, j'ai tout de suite aimé, alors j'ai pensé à le publier. L'auteur raconte sa vie, C'est une enfant qui veut être ressuscitée dans son pays, c'est une enfant algérienne qui rêve de revenir dans sa patrie, elle porte en elle cet espoir sans faille.» Samira Bendris Oulebsir a d'autres projets. «Je travaille avec l'auteur Youcef Idris pour son livre Le combat des justes dans lequel il parle de ces Français qui ont participé à la Guerre de libération. Je compte aussi publier très prochainement un autre livre de Denise de Morenferlat. C'est une pied-noire. Elle a vécu en Algérie. Son livre est un récit de ses souvenirs et de son vécu en Algérie. Il va paraître bientôt. Mes ambitions ne s'arrêtent pas là. Je pense aussi aux livres d'enfants ou de contes, en tout cas pour moi l'essentiel c'est éditer des livres qui véhiculent des messages.» - Samira Bendris Oulebsir est éditrice, et comme chaque professionnel du livre, elle est confrontée à des contraintes de distribution. «C'est vrai que la distribution est le point noir de l'édition, on a beau éditer des livres, mais quand ils ne sont pas distribués et bien vendus, commercialement parlant, c'est le chaos, c'est-à-dire qu'on peut se retrouver ruiné», déplore-t-elle. Cela dit, il y a, selon elle, un déficit dans la distribution ainsi qu'un manque de professionnalisme. Les quelques circuits de distribution existants ne disposent pas de moyens nécessaires pour mener à bien leur travail. «Il arrive que certains éditeurs font eux-mêmes la distribution, ce qui favorise leurs ouvrages par apport aux autres. Il y a des cas où c'est le libraire qui se déplace chez les éditeurs pour prendre les livres. Il y a certains libraires qui sont réticents par rapport à un livre. Ils prennent la place du lecteur. Parfois, ils ne prennent que deux exemplaires pour les tester et quand ils les vendent, ils n'informent pas l'éditeur et ne remettent pas le gain, nous sommes donc lésés dans nos droits. Mais malgré toutes ces contraintes, je me suis lancée dans l'édition par passion.»