Portrait n Sophie Heidi Kam affirme que le conte au Burkina Faso, comme ailleurs et partout en Afrique, est aussi dynamique que prolifique et divers. Sophie Heidi Kam est poète, dramaturge, nouvelliste et romancière. Mais sa plus grande passion est le conte, une forme d'écriture à laquelle elle accorde une grande importance. Car le conte renvoie à l'oralité, donc à l'ancestralité. Elle se donne pour principale mission de collecter et de transcrire les contes du pays dont elle est originaire, le Burkina Faso. «Ma préoccupation première c'est la conservation de ce patrimoine oral, et c'est ce qui m'a amené à collecté les contes et à les transcrire», souligne-t-elle. Pour elle, il est urgent de mener ce travail, car «certains contes ont disparu», déplore-t-elle. Ceux qui ont contribué à la disparition de ce patrimoine oral sont bien la télévision et l'Internet. «Nous ne racontons plus comme autrefois les histoires dans les familles», regrette-t-elle. Et de poursuivre : «Avec la télévision et l'Internet, nous avons perdu l'habitude de rassembler les enfants et leur raconter des histoires.» C'est pour cette raison que Sophie Heidi Kam estime que la transcription des contes aide à préserver ce patrimoine immatériel. «Mettre les contes dans les livres permet de les sauvegarder et de leur donner une longue durée de vie», dit-elle, et de confier : «Mon éditeur et moi, nous avons un projet qui consiste à lancer un coffret de cinq livres de contes. C'est une bonne chose, parce que cela va aider à sauve-garder ce patrimoine oral.» En outre, Sophie Heidi Kam affirme que le conte au Burkina Faso, comme ailleurs et partout en Afrique, est aussi dynamique que prolifique et divers. Il varie et diffère d'une région à l'autre. Et c'est ce qui fait sa richesse. D'où, pour elle, la nécessité de sauvegarder ce précieux legs ancestral, témoin de l'authenticité et de l'historicité africaine, donc de son identité. A la question de savoir quelle est la place du conte dans le paysage éditorial burkinabé, Sophie Heidi Kam répond : «Le conte y occupe une place importante, il est considéré comme la littérature de jeunesse et les éditeurs n'hésitent pas à éditer le conte parce ça se vend, surtout lorsqu'il est illustré.» Et quant à savoir s'il y a une politique nationale au Burkina Faso pour sauvegarder le conte, Sophie Heidi Kam déclare avec regret : «Non, il n'y a pas vraiment de politique en ce sens. Tout ce qui se fait relève d'initiatives individuelles, émanant de personnes soucieuses de préserver le conte et le transmettre aux générations futures.» Face au conte traditionnel, est-ce qu'il y a des auteurs qui innovent et font des contes modernes ? A ce propos, Sophie Heidi Kam répond : «Il y a ceux qui innovent, écrivent de nouveaux contes, en s'inspirant de l'actualité, ce sont des contes d'aujourd'hui, tels que nous les appelons. Ils ne sont cependant pas nombreux, mais ça commence à venir.» Sophie Heidi Kam décrit le conte comme «un univers dans lequel nous voyageons dans l'imaginaire et le merveilleux, il y a un certain nombre d'enseignements que nous en tirons, il véhicule la morale, il est éducateur, il y a également le divertissement». Sophie Heidi Kam aborde dans ses livres diverses formes de conte. «Je m'intéresse aux contes ludiques, initiatiques et aussi aux contes qui expliquent l'origine des choses», confie-t-elle.