Question n L'année débute avec l'entrée en vigueur de la loi de finances 2016, qui a déjà fait débat et suscite des réactions à travers les différentes hausses décidées. Quel serait l'impact pour les SSPA qui gèrent les clubs de football ? Les sociétés sportives par action (SSPA) qui gèrent les clubs de football professionnels seront-elles concernées de près ou de loin par la nouvelle loi de finance 2016 qui, avant même son application a déjà fait débat ? Apparemment non dans la mesure où ces sociétés, pour la majorité d'entre elles, sont en situation de faillite par rapport au code du commerce algérien puisqu'elles enchaînent plusieurs exercices déficitaires et ne génèrent pratiquement que de rares bénéfices dues à quelques recettes de stade ou des transferts de joueurs très vite ‘'réinvestis'' dans les dépenses, notamment celles liées aux salaires et aux primes. Il faut savoir que la masse salariale, exorbitante, de nos clubs se situe entre 60 et 70 % du budget annuel de leur fonctionnement et dont une partie provient, de manière détournée, des caisses de l'Etat. En effet, bon nombre de clubs détournent les subventions destinées aux clubs amateurs (CSA) vers les SSPA en faisant fi de la réglementation. Dans certains cas, des walis prennent des décisions iniques en piochant dans le budget des collectivités locales pour calmer les esprits et ramener la ‘'paix sociale'' à travers les clubs de football. Seulement, la loi de finances 2016 élaborée sur la base d'un prix de pétrole de référence de 37 dollars et un prix réel du marché de 45 dollars, prévoit déjà une réduction budgétaire de 9% et un défit projeté de 17,3%. En deux mots : moins d'argent public irait normalement aux clubs, ce qui va accentuer leur situation déjà précaire et déficitaire. L'exemple du RC Arba, dont le président Djamel Amani est aux abois et n'arrive pas à trouver la manne suffisante pour sauver son club, payer ses joueurs et éviter la débandade, est plus que frappant. Des clubs plus nantis, branchés à la mamelle de l'Etat, tel que le MC Alger traîne une ardoise fiscale salée de 14 milliards de centimes. Les SSPA, censés aller vers l'investissement et la diversification de leurs activités, ne sont pas encore dans cette logique par manque de compétence managériale, de visibilité, prise d'initiatives et fermeture du capital. D'ailleurs, l'une des solutions préconisées en ces temps de crise financière et de rationalisation budgétaire, c'est bien l'ouverture du capital aux investisseurs et repreneurs privés. Un club a fait déjà le pas, c'est l'USM El-Harrach qui, lors de l'assemblée générale extraordinaire des membres associés du 26 décembre dernier, a pris plusieurs résolutions dont celle d'ouvrir le capital de la SSPA/USMH. Dans la foulée, la SSPA a décidé de réduire de manière drastique les charges à commencer par la masse salariale des joueurs à hauteur de 40%. De plus, et à l'instar des autres clubs, la SSPA/USMH enregistre un déficit fiscale (IRG) de 150 millions de dinars sur l'exercice 2015. Aussi, avec l'application rigoureuse des nouvelles règles par rapport à l'argent du marché informel, ils seront de moins en moins ceux qui voudront transiter par les clubs de football pour ‘'blanchir'' leurs deniers. A. Salah-Bey Le forum Les clubs attendent toujours un signe des chefs d'entreprise Certains clubs attendent toujours un signe du forum des chefs d'entreprise (FCE) qui, il y a une année presque jour pour jour, avait annoncé son intention de venir au secours des clubs de football à travers les grands patrons d'industrie qui, tout compte fait, préfère le sponsoring sélectif que de rentrer dans le capital d'une SSPA voir reprendre un club pour en faire un modèle de développement d professionnalisme. En somme, l'impact de l'application de la LFC 2016 sur les clubs ne pourrait être, même indirectement, que négatif et devrait inciter les clubs à aller vers un plafonnement des salaires, voir réorienter l'investissement vers la formation qui, elle, peut s'avérer un créneau porteur. Sauf que là, il s'agit d'un long processus qui ne n'intéresse pas des clubs qui gèrent le foot à la petite semaine et ne s'occupe que du résultat du vendredi. Les temps seront encore plus durs.