Elles s?appellent Sarah, Karima, Farroudja, Nadjet? Elles ont connu la rue, la drogue et les agressions physiques. Usées, elles ont décidé de «se ranger». Certaines sont accompagnées d?enfants en bas âge, d?autres sont, elles-mêmes, encore enfants. Chassées, battues, humiliées, la rue les a accueillies pour les maltraiter à nouveau. Chacune raconte son histoire, ses déboires et ses peines. Divorcées avec enfants, mineures ou mères célibataires, elles ne sont épargnées ni par les leurs ni par la société et encore moins par l?injustice des hommes. Ces femmes ont fondé leurs espoirs sur le code de la famille. Elles ont eu foi en la justice. Aujourd?hui encore, elles fondent leurs espoirs sur les propositions de la commission de révision du code de 1984. Mal informées, certaines ne sont pas au courant du contenu de ces amendements. Elles ne sont pas orientées ni assistées juridiquement ; ainsi, elles perdent leurs droits par méconnaissance et par peur. Elles perdent leur logement, la pension et parfois même la garde de leurs enfants. Sans travail et sans ressources, elles sont souvent exploitées par des personnes malintentionnées profitant de leur détresse, de leur désarroi et de leur ignorance. Parce qu?elles ont des enfants, sans qualification professionnelle ni instruction, elles sont «vouées» à des travaux ménagers dans des domiciles. Souvent, elles ne gardent pas longtemps leur emploi, car elles n?ont pas d?alternative pour leurs rejetons. Face au désespoir, certaines attentent à leur vie. Lorsqu?elles ne franchissent pas le pas, elles y pensent?