Résumé de la 353e partie n Lorsque j'ai réalisé qu'elle ne s'était pas manifestée bien qu'elle fût proche de moi, J'ai compris ce que signifiait l'honneur de la famille et le sacrifice d'une mère. J'étais en présence de ma mère, et je ne le savais pas, de la même façon que tu étais en présence de ta mère et ne le savais pas. Elle se tenait à quelques pas de moi et pourtant elle ne pouvait pas m'appeler sa fille. De la même façon, je ne pouvais pas t'appeler «ma fille», alors que tu étais tout près de moi. — Pourquoi ne me l'as-tu jamais montrée ? s'écria Charlotte. Pourquoi ne m'as-tu rien dit ? — Parce que ma mère n'avait pas souhaité que je sache qu'elle était venue. Et que je devais respecter ce souhait. Plongeant la main dans mon sac, j'en sortis un ultime cadeau pour ma fille. Essuyant les larmes qui coulaient à flots de ses yeux, je lui montrai la photo que j'emportais partout avec moi depuis trente-neuf ans. C'était une petite photo en noir et blanc, d'une femme asiatique assise sur un lit d'hôpital, un nouveau-né entre les bras. A côté d'elle se tenait un Américain de belle prestance, l'air protecteur, souriant. Cette photo a été prise le soir de ta naissance, dis-je, tandis que les yeux de Charlotte se remplissaient de larmes à la vue de Gideon, de moi et du nourrisson. C'est une infirmière qui a pris la photo. C'était la première fois que je te tenais dans mes bras. C'est l'unique photo que j'ai de nous en tant que mère et fille. D'une voix aussi fragile qu'un carillon de verre, Charlotte dit : — Je ne sais pas quoi dire. — Rien ne presse. Nous avons tout le temps désormais pour nous parler. Je regardai Jonathan, puis ma fille et dit : — Mais toujours est-il que, dans l'immédiat, je voudrais dire ceci : rares sont ceux qui ont la chance de connaître un grand amour au cours de leur existence, Charlotte-ah. Ma mère a connu cet amour avec Richard Barclay, et moi avec Gideon. Mais nous avons l'une et l'autre perdu cet amour. Il ne faut pas que tu commettes la même erreur, Charlotte. (Je pris la main de Jonathan et la plaçai ; dans celle de Charlotte.) Tu as trouvé cet amour, ma fille. Garde-le précieusement. Ouvre toutes grandes les portes de ton cœur. Il y a très longtemps, tu as fermé une à une les portes de ton cour. Parce que tu croyais qu'en fermant ces portes tu pouvais éloigner le mauvais œil. Mais ce faisant tu as également éloigné le bonheur. Ouvre les portes, Charlotte-ah, dis-je en me tournant vers elle, puis vers Jonathan en souriant. Laissez entrer la joie, mes enfants. Laissez l'amour entrerdans vos cœurs.