28 ans après, l'Empire Blatter s'écroule. Eclaboussé par des scandales de pots-de-vin et de rétrocommissions, l'année 2015 a été fatale pour le désormais ex-président de la FIFA, Josep Sepp Blatter, qui verra son successeur occuper sa place demain à l'issue des élections. L'image de rivalité loyale, de crédibilité et de fair-play dans le sport en général et le football en particulier a été ternie et l'heure est à l'assainissement. En effet, le remplacement de Joseph Sepp Blatter, poussé à la porte par d'innombrables scandales, sera connu demain. L'année 2015 a été fatale pour le désormais ex-président de la Fifa, Joseph Sepp Blatter, et son prétendant successeur annoncé, le Français Michel Platini, président de l'UEFA, tous les deux emportés par le torrent des scandales qui a commencé le 27 mai par l'arrestation, à Zurich, de sept hauts dirigeants de cette institution à la demande de la justice américaine. Deux jours après, Blatter est réélu pour un cinquième mandat de quatre ans, dans une atmosphère lourde où quatorze personnes, parmi lesquelles neuf membres ou anciens de la Fifa sont mis en cause dans un scandale de pots-de-vin et de rétrocommissions depuis les années 1990. Devant les différents tirs croisés, et pour sauver sa peau, Blatter annonce sa démission trois jours seulement après son élection, soit le 2 juin 2015. Profitant de cette chute brutale, Platini finit, le 29 juillet, par rendre publique son intention de briguer la présidence de la Fifa. Seulement, les événements vont se précipiter, et c'est Jérôme Valcke, le secrétaire général, suspecté dans une affaire de revente de billets au marché noir, qui est démis de ses fonctions le 17 septembre. Une semaine plus tard, Platini est rattrapé par une affaire qui remonte à 2002 où il avait reçu un joli pactole de la part de Blatter (1,8 million d'euros) pour une prestation de consulting. Puis vint, le coup de grâce, le 8 octobre lorsque la commission d'éthique de la Fifa suspend le trio Blatter, Platini et Valcke pour 90 jours. Le même mois, la Fifa annonce que la candidature de Platini à la présidence est gelée tant qu'il reste suspendu. Le 2 décembre, ce sont deux autres membres, vice-présidents de la Fifa de surcroît qui sont arrêtés, en l'occurrence le Paraguayen Juan Angel Napout et Hondurien Alfredo Hawit Banegas, pour corruption. Entre temps, le paysage électoral s'est reconfiguré autour de cinq candidats, puisque Blatter, lors de sa démission avait annoncé des élections pour le début de l'année 2016, et le Camerounais Issa Hayatou, président de la CAF est passé à l'intérim de la Fifa. Tour à tour, le Sud-africain Tokyo Sexwale, le Jordanien et prince Ali Ben Al-Hussein qui a déjà récolté 73 voix en défiant Blatter en mai dernier, le Bahreïni et patron du football asiatique, Salman Ibrahim al-Khalifa, le français Jérôme Champagne ancien proche collaborateur de Blatter et l'Italo-suisse et secrétaire général de l'UEFA, Gianni Infantino, se sont portés candidats à la présidence de la Fifa. Après quelques mois d'une campagne électorale fade et où les candidats n'ont pas brillé par des projets porteurs de réforme profonde du système tentaculaire et qualifié de mafieux par certains, la manche finale aura lieu demain. A. Salah-Bey Le duel Ça va se jouer entre Infantino et Salman l La finale devrait tourner à l'affrontement entre Gianni Infantino et le Cheikh Salman. Un match entre l'Europe, appuyé par la Conmebol et l'Amérique centrale, et le reste du monde, puisque l'Afrique a donné ses voix – moins l'Egypte, le Liberia et le Soudan du sud – à l'Asie et au Cheikh Salman. Sexwale, lui, n'a même pas eu le soutien de son continent ! Idem pour Champagne, lâché par la Fédération française de football au profit d'Infantino. Le candidat de l'Europe serait en tête devant celui de l'Asie, selon un décompte des intentions de vote. Sur fond de calculs politiques et de campagne en coulisse, dans les couloirs du siège de la Fifa à Zurich, cette enquête montre aussi que derrière ces deux favoris les trois autres candidats en lice semblent condamnés à un rôle de figurants. Avec 68 intentions de vote exprimées sur son nom, l'Italo-Suisse Gianni Infantino devance donc assez largement le cheikh bahreini Salman (28). Mais cet écart est cependant à relativiser, les fédérations européennes, appelées à voter Infantino par l'UEFA, dont il est le N°2, ayant été plus nombreuses à répondre que celles d'Asie ou d'Afrique, supposées voter Salman selon les consignes des Confédérations asiatique (AFC) et africaine (CAF). Infantino et Cheïkh Salman, deux hommes du système, auront-ils le courage et les convictions pour rompre avec le passé et prôner des réformes durables basées sur une gouvernance démocratique, transparente et égalitaire ? Les observateurs les plus avertis et tous ceux qui connaissent le fonctionnement de la maison Fifa, demeurent sceptiques car quel que soit le vainqueur, il ne faudra pas s'attendre à des changements notables. Il risque même d'y avoir des conséquences autour des mêmes intérêts commerciaux et financiers qui dictent leur loi à la planète football.