La Grèce a durci le ton hier vis-à-vis de l'Autriche sur fond de dissensions sur la crise des réfugiés, le commissaire européen aux Migrations mettant en garde contre un "désastre" si ces divisions persistent. Dernière en date d'une série de restrictions aux frontières des pays de la route des Balkans, la Slovénie a annoncé hier qu'elle voulait limiter à 580 par jour le nombre de réfugiés autorisés à transiter par son territoire, ce qui va inévitablement aggraver l'engorgement en Grèce, un pays déjà en crise économique aiguë. Le commissaire européen aux Migrations, Dimitris Avramopoulos, a prévenu que l'Europe irait "au désastre" s'il n'y avait pas "de convergence et une compréhension" lors du sommet extraordinaire UE-Turquie le 7 mars sur la crise des réfugiés et migrants à Bruxelles. "Tout sera jugé le 7 mars (...) il faut une discussion pour partager la responsabilité entre (les pays membres), une condition pour commencer à trouver une solution au problème", a souligné le commissaire à Delphes, dans le centre de la Grèce, en appelant "à mettre fin à des actions unilatérales ou bilatérales (...)". Hier matin, Athènes a refusé de recevoir la ministre autrichienne de l'Intérieur, Johanna Mikl-Leitner, qui souhaitait venir en Grèce pour "expliquer la position autrichienne en détail et directement". Le refus grec intervient au lendemain du rappel par Athènes de son ambassadrice à Vienne pour "consultations", en signe de protestation contre la tenue mercredi par l'Autriche d'une réunion des pays des Balkans consacrée à la crise des réfugiés, et dont la Grèce a été exclue, alors que depuis quelques semaines, ce pays de la rive nord de la Méditerranée fait face à un flux inédit des réfugiés qui fuient la guerre en Syrie, en Irak, en Libye, en Afghanistan et les dictatures en Asie du Sud et de nombreux pays africains. Les vives tensions entre Athènes et Vienne ont empoisonné la rencontre jeudi à Bruxelles des ministres de l'Intérieur des pays de l'UE, censée mettre fin à la cacophonie face à l'afflux de migrants qui risque de déclencher une crise humanitaire. "L'Autriche nous traite comme des ennemis", s'était exclamé le ministre grec de la Politique migratoire, Yannis Mouzalas, devant ses homologues au cours de cette réunion, selon une source diplomatique. Les membres de l'UE sont déchirés sur la question des quotas de réfugiés à accueillir, mais leurs dirigeants refusent surtout de reconnaître qu'il s'agit d'une crise de réfugiés et non pas de migrants. Ce qu'il leur a valu de vives critiques de la part des organisations humanitaires et aussi de l'ONU qui a appelé l'Europe à assumer une responsabilité morale vis-à-vis de ces dizaines de milliers de personnes en détresse, à cause des guerres et des dictatures dont certains pays du Vieux Continent endossent une part de responsabilité. L. M./Agences