La crise des réfugiés a pris de nouvelles proportions, hier, sur le terrain ainsi que sur le plan diplomatique, suite à la décision de l'Autriche et des pays des Balkans de restreindre le nombre de personnes à accueillir. En effet, alors que la police macédonienne tirait des gaz lacrymogènes sur un groupe de 300 Syriens et Irakiens ayant tenté de forcer la barrière frontalière entre la Grèce et la Macédoine au poste d'Idoméni, les empêchant de passer en Macédoine, l'Autriche répondait avec véhémence aux critiques allemandes et grecques. Après avoir forcé un cordon policier grec, des réfugiés ont envahi la voie ferrée et cassé une partie de la barrière de barbelés marquant la frontière avec la Macédoine. Les adultes ont reculé tandis que de nombreux enfants souffrant des problèmes respiratoires, en raison des gaz lacrymogènes, ont dû être soignés. Selon l'ONG Médecins du monde (MDM) sur place, "au moins 30 personnes ont demandé à être soignées, dont de nombreux enfants". La situation est très tendue au poste grec d'Idoméni, où plus de 7000 migrants et réfugiés sont restés bloqués, hier, après des restrictions imposées par la Macédoine et des pays des Balkans et de l'UE, sur le nombre des personnes autorisées à entrer sur leurs territoires. À signaler que pendant toute la journée de dimanche, la Macédoine n'avait laissé quasiment aucun migrant traverser. Hier, à l'aube, 300 Irakiens et Syriens ont finalement pu entrer en Macédoine. "Vienne n'a de leçon à recevoir de personne dans la crise des réfugiés", a rétorqué donc, hier, Johanna Mikl-Leitner, qui réagissait notamment aux cris d'alarme d'Athènes, qui dénonce des risques d'engorgement en Grèce, ainsi qu'aux propos de la chancelière allemande, Angela Merkel, laquelle a reproché, dimanche, à l'Autriche et à ses voisins balkaniques d'avoir agi arbitrairement en limitant les passages. La ministre autrichienne a également affirmé que c'est l'Allemagne qui, sans l'afficher, a commencé, dès décembre, à filtrer les réfugiés à sa frontière autrichienne. Elle a ainsi indiqué que depuis le 1er janvier, l'Allemagne a encore refoulé plus de 6000 migrants vers l'Autriche, malgré le filtrage effectué en amont par Vienne. La conséquence selon la ministre autrichienne de l'Intérieur est que Vienne se retrouve à devoir subitement héberger et nourrir d'urgence 18 000 migrants qui en réalité voulaient aller en Allemagne. Dans la foulée, la responsable autrichienne a souligné que son pays était celui, après la Suède, qui accueillait le plus de migrants par habitant au sein de l'UE. En raison des quotas imposés par Vienne et les pays des Balkans, la Grèce avait averti, dimanche, que le nombre de réfugiés bloqués sur son territoire risquait de tripler en mars, pour atteindre le chiffre de 70 000 candidats à l'installation en Europe occidentale. Merzak Tigrine