Pression n Les troupes syriennes ont encore gagné du terrain face au groupe Etat islamique dans le centre de la Syrie après la reconquête de la ville antique de Palmyre désertée par ses habitants. Le ministre syrien de la Défense, Fahed al-Freij, a qualifié la reprise de Palmyre, surnommée «la perle du désert», d'étape essentielle en vue de la «victoire finale» contre l'EI, qui contrôle toujours de vastes territoires dans le pays. Fort de son plus important succès face à l'EI, forgé avec les forces de l'allié russe et des milices prorégime, le pouvoir veut sécuriser Palmyre pour éviter une contre-offensive des djihadistes qui l'ont contrôlée pendant près de dix mois. Hier, mardi, de violents combats se poursuivaient entre forces prorégime et djihadistes aux environs d'Al-Qaryatayn, une localité à majorité sunnite située à 120 km à l'ouest de Palmyre tenue par l'EI, selon une ONG, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Cherchant à renforcer ses positions dans la province centrale de Homs, l'armée s'est emparée avant l'aube de collines surplombant Al-Qaryatayn, qui comptait une minorité chrétienne et avait été la cible en 2015 d'enlèvements menés par l'EI qui y avait aussi détruit un monastère. Les troupes loyalistes veulent aussi reprendre Sokhné, à l'est de Palmyre, et où se sont retranchés des djihadistes, selon une source militaire. Si l'armée s'emparait de Sokhné, elle serait aux portes de la province pétrolière de Deir Ezzor (est), contrôlée en grande partie par l'EI. Et au cas où elle s'emparerait d'Al-Koum au nord de Palmyre, elle arriverait à la lisière de Raqa, principal fief du groupe djihadiste. Dans Palmyre, les quartiers résidentiels ressemblent à une ville fantôme, la quasi-totalité des habitants ayant fui les bombardements avant sa reprise par l'armée. Le site vieux de 2 000 ans porte les stigmates des ravages de l'EI, qui a détruit deux de ses plus beaux temples, son Arc de triomphe et des tours funéraires. «Cinq ans seront nécessaires» pour réhabiliter les monuments endommagés ou détruits de cette cité antique classée au patrimoine mondial de l'Humanité, selon le chef des Antiquités syriennes, Maamoun Abdelkarim. Les soldats syriens s'emploient à désamorcer les mines et bombes laissées par les jihadistes. Un premier groupe de démineurs russes est parti hier matin pour Palmyre, selon un média russe. Les forces prorégime concentrent leur combat contre le groupe jihadiste à la faveur d'une trêve avec les rebelles syriens entrée en vigueur il y a plus d'un mois et initiée par la Russie et les Etats-Unis. Cette trêve a permis la tenue, du 14 au 24 mars, de négociations indirectes à Genève entre le gouvernement et l'opposition qui doivent reprendre en avril, aux alentours du 9 ou du 10 selon l'ONU. Dans une interview de l'agence de presse officielle russe Ria-Novosti à paraître prochainement, le président Assad a assuré que "le soutien militaire russe (...) et les succès militaires de l'armée syrienne (...) allaient conduire à un règlement politique, et pas le contraire". R.I./Agences Ayrault : «on ne va pas se plaindre que Palmyre ne soit plus aux mains de Daech» l Le chef de la diplomatie française a déclaré mardi qu'il "n'allait pas se plaindre" que les jihadistes de l'Etat islamique (EI) aient été chassés de Palmyre par le régime syrien, tout en estimant que cette victoire n'exonérait pas Damas de ses responsabilités. "On ne va pas se plaindre que Palmyre ne soit plus aux mains de Daech. Palmyre, aux yeux de beaucoup, c'est un symbole", a déclaré Jean-Marc Ayrault, en visite à Alger. "Mais en même temps, quand Palmyre a été conquis par Daech (en mai 2015,ndlr), on ne peut pas dire que le régime de Damas ait été très défensif. On peut le regretter. Peut-être que s'il y avait eu à l'époque une réaction aussi forte, on n'en serait pas là, on aurait pu éviter la prise de Palmyre", a-t-il estimé.