Projet n Une convention de partenariat a été signée courant avril, entre l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa et le bureau de wilaya du Forum des chefs d'entreprise (FCE). L'université de Béjaïa, aura ainsi à mettre son expertise, son savoir-faire, ses compétences et ses espaces de recherche à la portée des chefs d'entreprise de la wilaya. En contrepartie, ces derniers devront améliorer le recrutement des étudiants diplômés ou leur placement dans les stages pratiques durant leur cursus. La mise en œuvre de ce projet coopératif, a-t-on indiqué, est appelée à s'affiner pour définir avec précision la forme (ou les formes) qu'elle va revêtir. Des expériences de ce type sont déjà à l'épreuve et d'aucuns ont émis le vœu, non seulement de les reproduire, mais aussi de les élargir. Le cas le plus probant étant celui de l'entreprise «Général emballage», localisée dans la zone industrielle d'Akbou, qui a pris sur elle de recruter précocement sur les bancs de l'université, des étudiants entrants, a qui elle offre un salaire équivalent au SNMG soit (18 000 dinars) et une promesse d'embauche à terme, en contrepartie d'une spécialisation dans le secteur du carton ondulé à l'université. La spécialisation ainsi que les programmes suivis ont été créés sur la base d'un entendement entre l'entreprise, leader national du carton, et l'université qui, à l'occasion, a dû mobiliser ses compétences pour ce faire. Et depuis 2012, le projet, d'un avis général, connaît un «franc succès», et a fait de plus des émules. Plusieurs patrons semblent vouloir s'engager sur cette voie afin de dénicher d'emblée la ressource humaine qui lui est nécessaire sur les court et moyen termes, d'autant que nombre d'entre eux, se plaignent de ne pas trouver les compétences recherchées sur le marché, et quand elles existent, «elles ne sont pas opérationnelles de suite», a indiqué l'un d'eux. Le recteur de l'université, Boualem Saidani, profitant de cette occasion pour présenter un tableau d'ensemble du savoir-faire de l'établissement qu'il dirige, s'est dit ouvert à toute formule susceptible de renforcer cette relation «Université-Entreprise», Béjaïa, dira-t-il , étant «classée 3e établissement national au plan de l'excellence», corroborant son affirmation par la largesse de son offre de formation (240 spécialités), la richesse de ses effectifs (1638 enseignants chercheurs) et ses dotations en matière de recherches (plus de 30 laboratoires). Autant d'arguments qui plaident en faveur d'une implication plus grande de l'université dans le domaine socioéconomique, voire du développement économique local et national, et la mise en œuvre de relations partenariales plus fortes et mutuellement plus profitables, a-t-il expliqué, déplorant toutefois jusqu'à ce jour «il n'existe aucune cartographie des métiers», dont l'existence aurait assurément amélioré les offres de formation et leur adaptation au marché du travail. L. S. Mea-culpa l «Les acteurs du secteur économique nous reprochent souvent de ne pas être assez ouverts et ils ont peut-être raison, mais qu'ils participent, de leur côté, au rapprochement souhaité en définissant leurs besoins pour que nous puissions mettre en place des formations adaptées», relevait à ce sujet le ministre du secteur. D'autres intervenants ont appelé aussi à l'adaptation du programme pédagogique aux besoins économiques du pays. «Le fossé entre l'université et le monde socioéconomique est dû au fait que nous n'avons pas fait l'adaptation des canevas (les programmes) avec le monde socioéconomique», souligne une responsable d'un centre de formation professionnelle à Ouargla. «De point de vue de l'université, tout le programme est académique. Il va falloir adapter ce programme à la réalité du terrain et aux besoins et spécificités du secteur socio-économique», selon elle. Cette formation académique nécessite l'implication de l'acteur économique, c'est-à dire, concevoir les programmes pédagogique avec l'acteur économique et impliquer ce dernier dans l'évaluation de l'étudiant. L'université doit aussi s'intéresser aux sciences sociales, estime cette universitaire. «Nous avons besoin d'un éclairage des sciences sociales qui pourraient nous aider à mettre en place des politiques publiques plus pertinentes», a-t-elle soutenu. L. S. Paradoxe des stages pratiques l Mouloud Koudil soulignait à l'issue de son intervention la nécessité de revoir certains textes législatifs, notamment ceux régissant l'organisation des stages pratiques au niveau des sociétés économiques. «Actuellement, c'est l'université qui doit payer l'étudiant pour travailler pour l'entreprise. Les thématiques de stages sont aussi fixées par l'université. Or, il faut inverser la tendance : c'est l'entreprise qui doit exprimer un besoin de stages et c'est elle qui doit dépenser pour ça», a-t-il dit. De plus, le rôle du partenaire socioéconomique au sein du conseil d'administration des établissements universitaires doit être mis en exergue pour faire en sorte que les formations dispensées répondent aux besoins exprimés. «L'intégration du partenaire socio-économique était une condition pour tout PNR (Plan national de recherche). Mais souvent il n'a pas été considéré comme partenaire», regrette Malika Fadhéla Koraïchi Hamana, directrice de la formation au ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche. «Il faut que les conseils d'administration jouent pleinement leur rôle, c'est à dire orienter et donner un support d'innovation aux jeunes et faire en sorte que l'output de la formation soit pratique et répond à des besoins réels», a-t-elle recommandé.