Les acteurs des mondes universitaire et économique sont tombés d'accord pour trouver les solutions et combler le fossé qui les sépare. Les entreprises et les universités sont deux mondes qui ne parlent pas la même langue. Un décalage qui met dans l'embarras les nouveaux diplômés à leur sortie de l'université. Quand ils ont la chance de trouver un emploi, ils sont pratiquement obligés de refaire leur formation à zéro. Et dans la majorité des cas, ils font un «job» qui n'a rien à voir avec leur formation universitaire qui ne répond pas aux besoins du marché de l'emploi. Une amère réalité dont nos responsables semblent avais pris conscience! Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique s'est en effet donné le pari de rapprocher ces deux mondes. Tahar Hadjar, le premier responsable de ce secteur, a dans ce sens fait une annonce des plus surprenantes: les entreprises seront associées dans l'élaboration des programmes universitaires. «On va faire participer les entreprises dans la confection des futurs programmes afin que ces derniers soient adaptés à leur temps...», a-t-il attesté, mardi dernier, lors de la Conférence nationale sur l'évaluation du système LMD. D'ailleurs, les représentants du patronat étaient présents à cette conférence pour y faire des propositions. «Cela, afin que nos universités forment en adéquation avec le marché du travail. Elles doivent avoir une approche d'abord locale, ensuite régionale et enfin nationale pour s'adapter à la réalité du marché», souligne le ministre. Avec des experts universitaires, ces représentants du patronat ont animé un atelier sur la relation entre l'université et le monde socioéconomique, afin de répondre aux besoins des entreprises et de la société. Ils se sont accordés à dire que des changements profonds étaient nécessaires pour «combler» le fossé qui les sépare. «Le problème c'est que l'université et l'entreprise ne se connaissent pas», a estimé Mouloud Koudil, directeur de l'Ecole supérieure de l'informatique lors de son intervention à cet atelier qui a abordé principalement les relations qui doivent exister entre l'université et le monde socioéconomique en mettant l'accent sur les entreprises. Pour ce professeur, l'université fait face à un monde socioéconomique diversifié et différent qu'elle ne connaît pas, en raison du manque de la demande de la part de l'entreprise. Il a souligné la nécessité de revoir certains textes législatifs, notamment ceux régissant l'organisation des stages pratiques au niveau des sociétés du secteur économique. «Actuellement, c'est l'université qui doit payer l'étudiant pour travailler pour l'entreprise. Les thématiques de stages sont aussi fixées par l'université. Or, il faut inverser la tendance: c'est l'entreprise qui doit exprimer un besoin de stages et c'est elle qui doit dépenser l'argent pour ça», a-t-il dit. De plus, le rôle du partenaire socioéconomique au sein du conseil d'administration des établissements universitaires doit être mis en exergue pour faire en sorte que les formations dispensées répondent aux besoins exprimés. «L'intégration du partenaire socioéconomique était une condition pour tout PNR (plan national de recherche). Mais souvent, il n'a pas été considéré comme partenaire», regrette Malika Fadhéla Koraïchi Hamana, directrice de la formation au ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche. «Il faut que les conseils d'administration jouent pleinement leur rôle, c'est-à-dire orienter et donner un support d'innovation aux jeunes et faire en sorte que l'output de la formation soit pratique et réponde à des besoins réels», a-t-elle recommandé. L'université doit aussi s'intéresser aux sciences sociales, estime-t-elle. «Nous avons besoin d'un éclairage des sciences sociales qui pourraient nous aider à mettre en place des politiques publiques plus pertinentes», a-t-elle soutenu. D'autres intervenants ont appelé aussi à l'adaptation du programme pédagogique aux besoins économiques du pays. «Le fossé entre l'université et le monde socioéconomique est dû au fait que nous n'avons pas fait l'adaptation des canevas (les programmes) avec le monde socioéconomique», souligne une responsable d'un centre de formation professionnelle à Ouargla. «Du point de vue de l'université, tout le programme est académique. Il va falloir adapter ce programme à la réalité du terrain et aux besoins et spécificités du secteur socioéconomique», selon elle. Cette formation académique nécessite l'implication de l'acteur économique, c'est-à-dire concevoir les programmes pédagogiques avec l'acteur économique et impliquer ce dernier dans l'évaluation de l'étudiant. Au-delà, la connaissance de l'entreprise est indissociable de la connaissance de son environnement, parce qu'elle est au coeur de réseaux économiques, sociaux, institutionnels, territoriaux...