Programme n La salle El Mougar a abrité, hier, la projection de «Omar Gatlato», un film culte de Merzak Allouach, réalisé en 1976 et ayant marqué les annales du cinéma algérien. Le film, premier long métrage de Merzak Allouache, qui a remporté la médaille d'argent à Moscou en 1977, un prix au Festival international du film de Karlovy Vary en 1978, a connu un grand succès, tant «il a perturbé le cinéma algérien, le rendant plus libre, plus inventif et surtout plus proche de la réalité». Dans ce film, Merzak Allouache dresse un bilan de quatorze années d'indépendance, c'est un film qui raconte la société algérienne de l'époque à travers sa jeunesse, une jeunesse frustrée, rêveuse, bercée par tant d'illusions qui, finalement, s'avéraient perdues, une jeunesse désenchantée, quelque part trahie, une jeunesse à qui ne s'offre aucune perspective, voire une jeunesse désœuvrée, bloquée dans un quotidien morose et ennuyeux et pour qui les journées se ressemblent toutes, seule occupation : passer son temps à rêver et à fantasmer. C'est le cas de Omar, cet «amoureux de la vie», qui, passionné par la musique chaâbie et les films hindous, est emporté par ses aspirations et son lyrisme. Le personnage de Omar est présenté comme un macho, mais au cœur tendre, il est interprété par Boualem Bennani. Cette projection a eu lieu dans le cadre d'un programme de restauration de plusieurs œuvres cinématographiques produites entre les années 1970 et 1980 – une quinzaine en tout – menées, depuis 2012, par le Centre national du cinéma et de l'audiovisuel (Cnca). Outre le travail de restauration, le programme comportait une autre opération, celle de la numérisation des films en question. C'est alors que des bobines de 35mm ont été converties en format Dcp (Digital cinéma package). Et l'objectif consiste à «permettre une exploitation de ces œuvres dans des conditions optimales tout en en garantissant leur conservation», a-t-on expliqué. Les œuvres qui ont bénéficié de ce programme de restauration et de numérisation, sont, outre «Omar Gatlato», «Hassan terro», de Mohamed Lakhdar Hamina, «La citadelle», de Mohamed Chouikh, «Patrouille à l'est», de Ammar Laskri, «Beni Hendel», de Lamine Merbah, «L'aube des damnés», d'Ahmed Rachedi, «Les vacances de l'inspecteur Tahar», de Moussa Haddad… Par ailleurs, le Centre national du cinéma et de l'audiovisuel ne va pas s'arrêter là. Selon son directeur, Mourad Chouihi, «une dizaine d'autres films étaient déjà en cours de restauration sur un total de plus de 120 œuvres cinématographiques concernées». Il a, ensuite, souligné que «les quinze films restaurés ont été sous-titrés en français, anglais et espagnol et seront disponibles sur d'autres supports afin d'en faciliter la diffusion en salle et à la télévision». Il a, en outre, indiqué que «ces quinze premiers film numérisés seront projetés à Alger durant le mois de ramadan». Yacine Idjer l L'opération de restauration et de numérisation des films, assurée par des experts en la matière, répond à une volonté de l'Etat de réhabiliter, de préserver et de valoriser le patrimoine cinématographique algérien, un acte qui se traduit aussi par «la mise à niveau du personnel du centre cinématographique algérien». Outre le vœu de conserver et de préserver ce précieux patrimoine cinématographique, il y a aussi le souci d'archivage de cette mémoire collective. Une mémoire qui renvoie à notre identité culturelle et historique. C'est dire que cette démarche, qui fait «resurgir les images du passé et leur immense richesse historique et culturelle», revêt «une importance particulière pour la préservation du patrimoine cinématographique algérien et de la mémoire». Cette démarche, qui a permis, selon le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, «d'offrir une seconde vie» à ces œuvres et de «rendre hommage» à des cinéastes, artistes et techniciens, qui avaient fait l'âge d'or du cinéma algérien, a aussi pour but de revivifier toute cette richesse culturelle et artistique de notre patrimoine filmique. Notons que e ministre de la Culture a déclaré que son département va s'atteler à «récupérer les archives du cinéma algérien» détenus par les laboratoires de plusieurs pays européens.