Travail Il pousse un soupir de soulagement : il n'a réveillé personne... Arrivé devant l'imposante villa, il éteint les feux de la voiture et roule doucement, faisant le moins de bruit possible. Il descend, ouvre la porte du garage, retourne à la voiture et la fait entrer. Il se gare puis referme la porte extérieure et en ouvre une autre, qui donne accès à la maison. Il allume une petite torche électrique et traverse un long couloir qui débouche sur une grande salle. Il lève la tête vers les étages et pousse un soupir de soulagement : il n'a réveillé personne ! Surtout pas le «vieux», dont la chambre est juste à côté de l'escalier. Toujours sans faire de bruit, il va dans la cuisine, ouvre le réfrigérateur et prend une bouteille d'eau ; sans prendre la peine de chercher un verre, il boit au goulot : c'est qu'il a très soif ! Il se débarrasse de sa veste, réfléchit un moment : doit-il aller dormir dans la chambre du rez-de-chaussée ou monter vers la chambre à coucher? Sa femme, il l'a deviné, ne l'a pas attendu : il est trois heures du matin ! Il a appelé pour dire qu'il avait une opération urgente à faire et qu'il rentrerait tard. Sa femme lui a demandé à quelle heure, il a répondu évasivement : vers onze heures ou minuit. Elle a insisté, il alors dit : au plus tard à minuit. L'opération a duré deux heures, mais il est allé, avec des amis, au bar du coin... et il n'a pas vu le temps passer ! Après avoir hésité un long moment, il décide de monter vers sa chambre. Il trébuche dans l'escalier en colimaçon et manque de donner de la tête contre la porte du «vieux». ? Zut ! s'exclame-t-il. Et pourtant, il n'a bu que quelques verres ! S'il avait réveillé le «vieux», ç?aurait été sa fête ! Il arrive devant sa chambre et tourne doucement la poignée. La porte s'ouvre et, apparemment sa femme dort. Il referme la porte, se déchausse doucement, revêt son pyjama placé sur une chaise ? sa femme le lui a préparé ? et s'apprête à se glisser dans le lit quand la veilleuse s?allume. ? Fadéla, dit-il, tu ne dormais pas ? ? Le bruit de la porte du garage m'a réveillée ! ? Et pourtant, j'ai évité au maximum de faire du bruit ! Excuse-moi ! Fadéla se renfrogne. ? Tu as regardé l'heure qu'il est ? ? Je t'ai dit, au téléphone, que je tarderai ! ? Oui, mais tu as dit : pas plus tard que minuit ! ? Je sais, mais l'opération a pris du temps? C'est le genre de choses qu'on ne peut pas prévoir ! ? As-tu dîné ? La bonne dort, mais je peux te préparer quelque chose ! ? Non, non, ne te dérange pas, j?ai mangé un morceau à l?hôpital ! ? Tu ne peux pas quitter ce maudit hôpital ? Ton cabinet ne te suffit pas ? Tu pourrais rentrer comme tout le monde, à l'heure ! ? On a besoin de moi à l'hôpital, je ne peux pas me dérober... Du moins pour les opérations importantes. Elle secoue la tête. ? Mon père est prêt à t'ouvrir une clinique, si tu veux ! ? Pour quoi faire ? Il m'a déjà ouvert un cabinet ! ? Mustapha, tu sais que mon père n'a que toi et moi. ? Je sais, je sais, mais pour le moment, je préfère me contenter du cabinet et travailler à l'hôpital... (à suivre...)