Vécu n Beaucoup de gens vous diront que la cohabitation de plusieurs frères avec leurs épouses respectives est une situation à même de générer des frictions, voire des drames. Le vieux Merzak en sait quelque chose… Le vieux Merzak était un homme comblé. Une année après avoir marié Méziane, son fils aîné, il avait célébré avec faste les noces de Samir, son cadet. Il était heureux aussi parce que la villa qu'il avait fait construire était si grande que ses fils, ses belles-filles, ses petits-fils et petites-filles aussi nombreux fussent-ils pourraient y vivre sans problème avec lui. Sa femme, la vieille Yakoute était aussi aux anges, car le mariage de ses deux fils était une réussite. Aucune de ses voisines, de ses amies ou de ses sœurs ne pouvait se targuer d'avoir pu «ramener» deux brus aussi belles et d'aussi «bonne souche» que les siennes. Mais elle était loin, vraiment loin, de se douter que derrière la beauté de ses deux brus était dissimulé ce que la nature humaine recèle de plus laid et de plus dangereux : la jalousie. Hanane, la femme de Méziane, était brune avec des cheveux aussi noirs que du jais. Ses traits étaient si bien dessinés que Yakoute l'appelait «ma poupée». Elle l'emmenait partout où elle se rendait pour faire crever de jalousie ses vieilles amies qu'elle rencontrait au hammam, au marché couvert du quartier. Mais la venue, dans la famille, de Lila allait tout bouleverser. La nouvelle mariée, la femme de Samir, était brune aussi, mais tout le monde avait vu, sans hésiter, qu'elle était beaucoup plus belle que Hanane. Il s'était même trouvé une vieille voisine malicieuse pour affirmer que Hanane à côté de Lila était un laideron ! Samir était fier de sa femme et celle-ci n'arrêtait pas de changer de coiffure et d'expérimenter toutes les variétés de fards se trouvant dans les commerces des grandes rues d'Alger dans l'espoir d'embellir et de briller davantage. Mais elle ignorait, ou feignait d'ignorer, que Hanane se consumait de jalousie. Elle qui, une année plus tôt, était la reine au sein de cette famille, elle s'était vu reléguer au second plan, au point qu'elle passait même inaperçue devant les voisines et les invités qui leur rendaient visite. Petit à petit, au fil du temps, la jalousie de Hanane envers Lila se transforma en haine. Une haine aveugle. Une haine capable d'amener celui qui l'éprouve à commettre les délits et les crimes les plus abominables. A suivre…