Hier, la tour Eiffel a été évacuée, un employé ayant confondu une simulation en interne d'un incident avec une réelle menace djihadiste. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, la crainte de nouvelles attaques a poussé les autorités françaises à annuler plusieurs festivités à travers le pays. A Lille, la municipalité a décidé d'annuler la braderie, la plus grande d'Europe, avec ses 2 millions de visiteurs. A l'instar de l'Hexagone, le vieux continent vit dans la crainte de nouvelles attaques terroristes. Un sujet qui surgit à la moindre agression, d'ordinaire traitée comme un fait divers. Après la multiplication des attentats djihadistes ces derniers mois, dernière frayeur en date : l'attaque au couteau mercredi à Londres (un mort, cinq blessés) par un Norvégien d'origine somalienne. Après des heures d'incertitude, la police a fini par écarter la piste terroriste, pour évoquer un meurtre commis par un déséquilibré mental. Les craintes d'attaque terroriste en Europe sont alimentées par les mises en garde des autorités à leurs citoyens depuis la proclamation d'un "califat" en Irak et en Syrie en juin 2014 par le groupe djihadiste Etat islamique (EI). Plusieurs pays membres de l'Union européenne participent à la coalition militaire internationale contre l'EI, qui a promis par tous les moyens de faire couler le sang des "mécréants" et des "croisés" occidentaux. Londres a récemment mis en garde contre l'éventualité d'un attentat au Royaume-Uni, tandis que l'Autriche annonçait jeudi avoir reçu par mail des "menaces terroristes" visant la police. En France, le Premier ministre Manuel Valls prédit à satiété "de nouvelles attaques et de nouveaux innocents tués" après une série d'attaques sanglantes depuis plus d'un an et demi. L'impression d'une épée de Damoclès planant au-dessus de l'Europe se nourrit aussi de l'annonce d'arrestations de suspects prêts à passer à l'acte. Fin juillet, la Belgique a ainsi inculpé un homme de tentative d'assassinat terroriste. Ce pays, frappé le 22 mars par deux attaques djihadistes contre l'aéroport et le métro (32 morts), maintient un niveau d'alerte au niveau 3 (menace "possible et vraisemblable") sur une échelle de 4. Les autorités en France, où le régime exceptionnel d'état d'urgence est en vigueur depuis les attentats du 13 novembre (130 morts), annoncent régulièrement perquisitions et interpellations dans le cadre de dossiers antiterroristes. Dès la moindre agression à l'arme blanche connue, les chaînes d'information en continu bouleversent leurs programmes pour suivre en direct les interventions des forces de l'ordre et des secours comme s'il s'agissait d'un nouvel attentat. En France, l'agression au couteau d'une femme et ses trois filles en vacances dans les Alpes, commise le 19 juillet par un Marocain, a ainsi été traitée par plusieurs médias comme un possible acte djihadiste. L'agresseur, qui a dit souffrir de troubles mentaux, reprochait en fait au père et mari des victimes de s'être gratté l'entre-jambe devant sa femme... Pour Christian Delporte, spécialiste français de l'histoire des médias, "ce ne sont pas les médias qui nourrissent la psychose, c'est au contraire cette psychose qui nourrit les médias. Les responsables politiques ont une plus grande responsabilité que les médias, car ils devraient appeler au calme". R. I. / Agences Annulation de plusieurs événements l Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, la crainte de nouvelles attaques sanguinaires a poussé les autorités françaises à rayer plusieurs festivités à travers le pays, dont des événements de grande importance. A Nice, frappée le 14 juillet par un attentat meurtrier , la mairie a décidé d'annuler la Prom'Party, une gigantesque festivité, censée transformer la Promenade des Anglais en une immense piste de danse entre les 15 et 28 août. Le championnat d'Europe de cyclisme sur route, que la ville de Nice devait accueillir du 14 au 18 septembre, a été annulé pour des raisons de sécurité, a annoncé hier, vendredi, la ville. A Lille, dans le nord du pays, la municipalité a décidé, hier, vendredi, d'annuler «La braderie de Lille», la plus grande d'Europe, avec ses 2 millions de visiteurs chaque année. Nous avons vraiment tout fait pour, mais il y a des risques que nous n'arrivons pas à réduire. C'est une décision douloureuse», a déclaré, Martine Aubry, la maire socialiste de Lille. C'est la première fois depuis l'occupation allemande que cette manifestation qui remonte au XIIe siècle est annulée. Même situation à la Baule, dans l'ouest du pays, ou encore à Marseille, dans le Sud, où les autorités ont décidé d'annuler deux événements majeurs : le spectacle aérien de la patrouille de France, qui aurait pu rassembler jusqu'à 100 000 visiteurs, et la «Nuit des étoiles». Espagne : une plaisanterie crée la panique l Parfois, des plaisanteries virent à l'aigre. Dans une station balnéaire espagnole, à Platja d'Aro (nord-est), une "flashmob" (performance éphémère) prévue par cinq jeunes Allemandes, avec cris et course en bord de mer, a récemment été prise pour un attentat par les vacanciers paniqués. Bilan: onze personnes soignées pour contusions et tachycardie. Psychose en France l La tour Eiffel a été évacuée, hier, vendredi, après 20 heures, suite à la découverte d'un colis suspect. En réalité, explique Le Figaro, cette évacuation était une «erreur» : elle est intervenue à la suite d'une incompréhension d'un employé, qui a confondu une simulation en interne d'un incident avec une réelle menace, selon une source policière. «C'est un exercice de simulation en interne, comme il s'en fait des dizaines par semaine, qui a mal tourné. Il y a un employé qui a pensé que c'était réel. Et la tour Eiffel a été évacuée», a raconté une source policière. Cette évacuation d'un haut lieu touristique de la capitale française tombe mal. En effet, les touristes étrangers ont massivement déserté Paris depuis les attentats du 13 novembre 2015. Selon le Comité régional du tourisme, cité par France Info, on compterait 12% de visiteurs en moins à Paris au premier semestre 2016. Dans le top 3 des nationalités qui boudent le plus Paris : les Japonais (-53,7%), suivis des Russes (34,8%) puis des Chinois (-17,6%).