Résumé de la 9e partie n Comme le sire de Nivelle le roi offrit de l'or, supplia et conjura au nom de tous les saints, mais Petit Pierre ne céda pas. Le monarque, pour courir après lui, sauta, de son côté, à bas de sa mule, mais si lourdement qu'il s'épata au beau milieu d'une large flaque de bouse, et rentra au palais dans une tenue qui manquait complètement de majesté, godverdom ! Petit-Pierre ramena ses lapins pour la dernière fois. Il se rendit avec son troupeau à la salle où le roi tenait conseil, assis sur son trône. «Sire…» dit le sautériau. Mais il fut soudain interrompu par un grand bruit. La porte s'ouvrit et la princesse se précipita dans la chambre en criant : «Ma bague ! on m'a volé ma bague ! — Tais-toi donc, fit le roi. Tu nous assourdis.» Puis, saisissant la balle au bond, il se tourna vers Petit-Pierre, dont il ne voulait point davantage pour son gendre : «C'est fort bien, lui dit-il, tu es venu à bout de la première épreuve, mais le métier de roi ne consiste pas seulement à garder ses sujets ; il faut aussi, savez-vous, faire la police de son royaume. Voyons si tu en seras capable. On a volé la bague de ma fille. Je te donne trois jours pour m'amener le voleur. — Comment est-elle, votre bague ? demanda le sautériau. — En or, avec un diamant gros comme un pois, répondit la princesse en le regardant d'un air qui n'avait plus rien de dédaigneux. — En chasse, manneken, ajouta le monarque en se frottant les mains, et, pour que tu aies le gibier à portée, j'ordonne que tu sois logé au palais et servi comme moi-même. On ne dira point que je fais mal les choses.» On mena sur-le-champ le sautériau dans un bel appartement et on lui donna à souper. Il n'était pas servi tout à fait comme le souverain, n'ayant derrière lui qu'un seul domestique, mais le souper était exquis et tel que, je le parierais, vous n'en avez jamais fait un pareil, même le dimanche de la ducasse. Petit-Pierre, qui était homme de goût, s'en lécha les doigts, pensant à part lui que le métier de roi ne manquait point d'agrément, et que, s'il soupait ainsi tous les soirs, il ne tarderait guère à avoir de belles grosses joues, comme ses frères. Le lendemain, il alla se promener, à la piquette du jour, vers le Trou du Diable, mais il n'y rencontra point la vieille grand'mère. «Bah! se dit-il, je m'en tirerai peut-être bien tout seul. A force de chercher on trouve.» Sur le coup de midi, il revint au palais avec un appétit de chasseur, songeant au souper de la veille et calculant, en vrai Flamand, que, s'il n'avait point la chance d'épouser la princesse, il aurait du moins le plaisir de faire trois excellents dîners. A suivre