CCVIII?me nuit (Suite) Le roi Saleh, forc? de c?der ? la volont? du roi de Perse, tira une bague qu?il avait au doigt, o? ?taient grav?s les m?mes noms myst?rieux de Dieu que sur le sceau de Salomon, qui avaient fait tant de prodiges par leur vertu. En la lui pr?sentant: ?Prenez cette bague, dit-il, mettez-la ? votre doigt, et ne craignez ni les eaux de la mer ni sa profondeur?. Le roi de Perse prit la bague; et, quand il l?eut mise ? son doigt: ?Faites comme moi?, lui dit encore le roi Saleh. Et en m?me temps, ils s??lev?rent en l?air l?g?rement en avan?ant vers la mer, qui n??tait pas ?loign?e, o? ils se plong?rent. Le roi marin ne mit pas beaucoup de temps ? arriver ? son palais avec le roi de Perse, son neveu, qu?il mena d?abord ? l?appartement de la reine, ? qui il le pr?senta. Le roi de Perse baisa la main de la reine, sa grand?m?re, et la reine l?embrassa avec une grande d?monstration de joie. ?Je ne vous demande pas des nouvelles de votre sant?, lui dit-elle, je vois que vous vous portez bien, et j?en suis ravie; mais je vous prie de m?en apprendre de celle de la reine Gulnare, votre m?re et ma fille?. Le roi de Perse se garda bien de lui dire qu?il ?tait parti sans prendre cong? d?elle; il l?assura, au contraire, qu?il l?avait laiss?e en parfaite sant? et qu?elle l?avait charg? de lui faire ses compliments. La reine lui pr?senta ensuite les princesses: et, pendant qu?elle lui donna lieu de s?entretenir avec elles, elle entra dans un cabinet avec le roi Saleh, qui lui apprit l?amour du roi de Perse pour la princesse Giauhare, sur le seul r?cit de sa beaut? et contre son intention; qu?il l?avait amen? sans avoir pu s?en d?fendre et qu?il allait aviser aux moyens de la lui procurer en mariage. Quoique le roi Saleh, ? proprement parler, f?t innocent de la passion du roi de Perse, la reine n?anmoins lui sut fort mauvais gr? d?avoir parl? de la princesse Giauhare devant lui avec si peu de pr?caution. ?Votre imprudence n?est point pardonnable, lui dit-elle: esp?rez-vous que le roi de Samandal, dont le caract?re vous est si connu, aura plus de consid?ration pour vous que pour tant d?autres rois ? qui il a refus? sa fille avec un m?pris si ?clatant? Voulez-vous qu?il vous renvoie avec la m?me confusion? -Madame, reprit le roi Saleh, je vous ai d?j? marqu? que c?est contre mon intention que le roi mon neveu a entendu ce que j?ai racont? de la beaut? de la princesse Giauhare ? la princesse ma s?ur. La faute est faite, et nous devons songer qu?il l?aime tr?s passionn?ment et qu?il mourra d?affliction et de douleur si nous ne la lui obtenons, en quelque mani?re que ce soit. Je ne dois rien oublier, puisque c?est moi, quoique innocemment, qui ait fait le mal, et j?emploierai tout ce qui est en mon pouvoir pour y apporter le rem?de. J?esp?re, madame, que vous approuverez ma r?solution d?aller trouver moi-m?me le roi de Samandal, avec un riche pr?sent de pierreries, et lui demander la princesse sa fille pour le roi de Perse, votre petit-fils. J?ai quelque confiance qu?il ne me refusera pas et qu?il agr?era de s?allier avec un des plus puissants monarques de la terre.