Hypothèse n L'Algérie est-elle prête et intéressée à accueillir la CAN-2017, en cas de défection du Gabon ? C'est la grande question que se pose l'opinion sportive nationale. La scène footballistique africaine a en ce moment les yeux rivés sur ce qui se passe au Gabon, pays devant accueillir la 31e édition de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) prévue du 14 janvier au 5 février 2017. Et les spéculations vont d'ailleurs bon train sur les candidats potentiels à venir à la rescousse de la CAF en cas de défection du Gabon en raison de la situation politique et des troubles qui se déroulent depuis la victoire contestée du président sortant Ali Bongo dans ce pays. Parmi les pays évoqués, il y a l'Algérie qui, officiellement, n'a rien signifié à l'instance présidée par Issa Hayatou et elle ne le fera pas. L'Etat algérien n'a jamais digéré le camouflet de la CAF d'attribuer la CAN-2017 au Gabon et il ne voudrait pas en subir un autre. Sauf que cela n'a pas empêché le ministre de la Jeunesse et des Sports (MJS), El-Hadi Ould Ali, de faire une déclaration, il y a deux jours, en lançant : «l'Algérie est en mesure de suppléer le Gabon pour l'organisation de la Coupe d'Afrique des nations 2017 de football, en cas de retrait de la compétition à ce pays, en raison de la situation sécuritaire qui y prévaut.» Il signe même et persiste en affirmant qu'en cas de retrait officiel de la compétition par la CAF au Gabon, »l'Algérie dispose d'enceintes en mesure d'accueillir de tels évènements d'envergure, mais il faudrait au préalable étudier ce cas avec les responsables du gouvernement et les parties chargées de la gestion du football algérien», a déclaré le ministre, en marge de la tournée effectuée dimanche aux stades de Baraki et de Douéra. Pour un ministre de la République, il est clair qu'il ne ferait pas de telles déclarations s'il n'a pas eu l'aval du premier responsable du gouvernement et des plus hautes autorités de l'Etat. Et puis, la nuance est de taille : l'Algérie est capable et peut suppléer le Gabon, mais veut-elle vraiment de cette CAN-2017 ! Du coup, certains ont conclu que la sortie du ministre est en fait un ballon-sonde pour prendre la température de la CAF qui, lorsqu'elle sera amenée à recourir au plan B, elle saura déjà que l'Algérie est prête. Beaucoup d'analystes d'ailleurs estiment que le match se jouera entre l'Algérie et le Maroc qui, lui, dispose de toutes les infrastructures nécessaires, notamment les stades aux normes Fifa, les établissements touristiques, les services, les moyens de télécommunication. Cependant le Maroc a deux problèmes : le premier est moindre puisqu'il est lié au fait que ce pays avait refusé la CAN en 2015, ce qui a obligé la CAF d'aller voir ailleurs et de sanctionner la Fédération royale marocaine de football. Depuis, les choses ont changé, la CA a levé la sanction et le Maroc est le premier pays qualifié à la CAN-2017. Le deuxième problème est plutôt d'ordre politique, car lié au déplacement en masse des supporters algériens au royaume chérifien avec son corollaire de sensibilité entre les deux pays. Si les fans des Verts ont été 10 000 à Omdurman, ils seraient de même ou plus au Maroc avec leurs chants et leurs slogans. Chacun peut deviner le reste. Le risque n'est pas nul d'assister à des troubles dont personne n'en voudrait, de part et d'autre de la frontière, avec la cause sahraouie au beau milieu. La première option donc de la CAF est bien évidemment de maintenir l'organisation de la CAN-2017 au Gabon, et ne pas recourir au plan B. L'Algérie, elle, se positionne au cas où, ce qui lui permettra de rattraper ce qu'elle a perdu lors du vote d'attribution, de passer pour le pays sauveur de la CAF et de se positionner par rapport aux élections d'Issa Hayatou dans la perspective d'un nouveau mandat l'année prochaine. Les semaines à venir seront déterminantes quant à l'avenir de la CAN-2017 et les retombées d'un changement de domiciliation de dernière minute.