Drame n Le Festival international du cinéma d'Alger dédié aux films engagés se poursuit à la salle El Mougar, avec la projection, hier, de «Fuocoammare, par-delà Lampedusa», un documentaire réalisé par l'Italien Gianfranco Rosi. Le film, qui met en scène le drame des migrants de l'île de Lampedusa, raconte l'histoire de ces hommes, femmes et enfants qui tentent de traverser la mer pour rejoindre l'île, qui n'est pas une île comme les autres, puisqu'elle elle se présente comme «une frontière hautement symbolique de l'Europe, traversée ces 20 dernières années par des milliers de migrants en quête de liberté». Ours d'or du 66e Festival international de Berlin en Allemagne, en sortie dans plus de 50 pays, Fuocoamarre (mer en feu) «propose, avec subtilité et sensibilité, de réveiller notre œil paresseux, car «voir n'est pas regarder, on n'est pas devant la télé qui distille toujours les mêmes images lors des grands naufrages. Voir, c'est sentir, percevoir le hors-champ, ce que l'on ne voit pas et qui est la réalité de ce drame, honte d'une Europe qui s'entoure de murs et scandale d'un monde à deux vitesses». D'une forte charge émotionnelle, le documentaire, qui n'est pas une fiction écrite mais captée dans le vif du réel, croise des séquences sur les destins tragiques de naufragés nigérians, syriens, érythréens et d'autres pays avec celui d'habitants de l'île, en particulier Samuel, un garçon de douze ans, fils et petit-fils de pêcheur, autour duquel s'organise le film. C'est tout un monde, un autre monde différent de celui auquel il est habitué, qui se créée autour de Samuel. Ainsi, le réalisateur Gianfranco Rosi, qui a passé des mois sur cette île de la Méditerranée, apprenant son histoire, sa culture et la manière dont vivent ses 6 000 habitants, focalise sa caméra sur la vie du jeune Samuel, 12 ans, un garçon né à Lampedusa. Car c'est par son regard que la réalité tragique des migrants est évoquée, décrite avec beaucoup de tonalités dramatiques, accentuées d'une scène à l'autre du film. On assiste alors à l'expression poignante d'un désastre humanitaire, à une réalité à laquelle on ne peut détourner le regard. Puisque d'une scène à l'autre du film, on est saisi par des images de naufrage, de secours en mer, de vie dans les camps de rétention où sont accueillis les migrants et le quotidien…A propos de son film, le réalisateur, Gianfranco Rosi, notera : «Quand je prends la caméra, je crée un monde.» Il invite le public à interroger le regard porté sur cette triste réalité (ce regard n'est jamais posé à la légère), «pour qu'avec Samuel nous réveillions notre œil paresseux et devenions adultes». A travers ce documentaire, il propose une vision plus humaine d'un des plus grands drames de l'époque contemporaine, un phénomène souvent traité à travers les chiffres dénombrant les victimes. Par ailleurs, on est saisi par l'esthétique du film, une esthétique recherchée, soignée. Cela fait l'intérêt et la beauté du film, une œuvre à la forme poétique «peuplée de paysages parfaitement mis en lumière et de dispositifs scéniques trop maîtrisés finissent par faire oublier l'aspect hautement humain de ce sujet sensible». Yacine Idjer «Nuits de la chanson oranaise» En musique et générique l Le public d'Oran sera au rendez-vous avec le festival «Nuits de la chanson oranaise, lundi prochain à la salle de cinéma «Es-saada» au centre-ville. Les soirées de ce festival, qui s'étalera jusqu'au 14 décembre, seront dirigées par le maestro Bey Bekkai, Gherbal Abdellah, Bousrima Bouziane et Sifaoui Houari en musique et générique, a indiqué la même source. Ces nuits artistiques seront animées par des chanteurs connus qui reproduiront des chansons oranaises, aux côtés de voix jeunes portant le flambeau de ce genre musical et qui n'ont pas eu l'occasion de participer à la 9ème édition du festival de la musique et de la chanson oranaise, organisée du 9 au 10 juillet dernier, a-t-on ajouté. Des soirées artistiques sont programmées à cette occasion dans les résidences universitaires «30ème anniversaire», «Belbouri Said» d'Es Sénia, «Othmania», «1 000 lits», «USTO» et «El Moutatawaa» (le volontaire). La soirée de clôture de cette manifestation sera marquée par la présentation d'un cocktail de chants religieux du genre Meddahate par la troupe "El Afrah" d'Oran au profit des locataires de l'hospice de personnes âgées, à l'occasion de la célébration du Mawlid Ennaboui. APS Festival international de musique symphonique Atmosphères relevées et savoureuses Mélodies n La Suède, le Mexique et la Corée du Sud ont animé samedi l'avant dernier soir du 8e Festival international de musique symphonique dans des atmosphères relevées alliant le génie des compositeurs à la virtuosité des concertistes. Le public nombreux de l'Opéra d'Alger Boualem-Bessaih qui accueille le festival, a pu apprécier, près de deux heures et demie durant, le talent et la virtuosité des instrumentistes des trois formations représentant les continents européen, américain et asiatique. Le «Trio à cordes Zilliacus Persson Raitinen» de Suède a exécuté trois pièces déclinées en plusieurs mouvements de Jean Sibelius (1865-1957), Britta Bystrom (1977) et Ludwig Van Beethoven (1770-1827). Jouissant d'une grande complicité, Cecilia Zilliacus au violon, Johanna Persson au violon alto et Kati Raitinen au violoncelle ont fait montre de toute l'étendue de leurs talents, alternant les solos et prenant subtilement soin de l'accompagnement, en contre voix ou en arpège, dans des variations modales aux exigences aigues. La violoniste Fernanda Villalvazo, le pianiste Santiago Pineirua Zueras et la cantatrice soprano Monica Abrego, formant le «Trio symphonique du Mexique», ont ensuite rendu une prestation d'exception faite d'une dizaine de pièces dans les registres lyrique et symphonique. Plusieurs œuvres de grands compositeurs de musique classique et traditionnelle ont été revi-sitées, à l'instar de «L'amero, sarocostante» de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), «Je dis que rien ne m'épouvante» de Georges Bizet (1838-1875) et «Danzas Tarascas» de Miguel Bernal Jimenes (1910-1956). Le pianiste Santiago Pineirua Zueras a été époustouflant de technique et de maîtrise, accompagnant la cantatrice Monica Abrego, à la voix puissante et limpide, avec une aisance dans le jeu et un talent peu communs, notamment dans «Libertango» du compositeur argentin Astor Piazzolla (1921-1992). Deux instrumentistes femmes au piano et au violon, et autant de musiciens au violoncelle et au violon alto, composant l'Ensemble «Harmonie coréenne», ont livré une prestation pleine, à plusieurs formules, rendues en duos pour la partie lyrique et en quatuor pour le volet symphonique. La soprano Rura Kim, à la voix suave et le baryton Jiwon Song au timbre pure ont été soutenus par la pianiste Aeyoung Byuno, dans «Mesicku Na Nebi», extrait de l'opéra féerique «Mesicku» d'Antonin Dvorak (1841-1904) et «O du mein holder abendstern» de l'opéra «Tannhauser» de Richard Wagner (1813-1883) respectivement. Le public de l'Opéra d'Alger a savouré chaque instant de la soirée dans la délectation applaudissant longtemps les concertistes des trois formations.