Course n «Gauche de responsabilité» contre «gauche de conviction» : Manuel Valls et Benoît Hamon se disputent le titre de champion de la primaire socialiste, à 100 jours de la présidentielle en France qui reste dominée par la droite et l'extrême droite. L'ancien Premier ministre, Manuel Valls (31%), qui s'est lancé dans la course à l'investiture après le forfait de l'impopulaire président François Hollande, a été devancé par l'outsider issu de l'aile gauche du parti, Benoît Hamon (36%), très critique sur le bilan de ce quinquennat. Déjà fort de sa première place, l'ancien ministre de l'Education a aussi pu compter sur le ralliement dès hier soir du chantre du «made in France», Arnaud Montebourg, arrivé en troisième position avec 17,6% des voix. «Il faut en finir avec les vieilles recettes et les vieilles politiques, les vieilles solutions qui ne marchent plus», a plaidé hier soir Benoît Hamon, tandis que Manuel Valls a appelé les électeurs à faire le choix au second tour entre «la défaite assurée» s'ils désignent son concurrent et «la victoire possible» à la présidentielle avec lui. Mais incarnée par Benoît Hamon (8%) ou Manuel Valls (9%), la gauche socialiste n'arriverait qu'en cinquième position du premier tour de l'élection présidentielle, loin derrière la dirigeante de l'extrême droite, Marine Le Pen (27%), le candidat de droite, François Fillon (26%), l'ancien ministre de François Hollande au positionnement «ni droite ni gauche», Emmanuel Macron (20%), et le tribun de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon (13%), selon un sondage Ipsos Sopra steria diffusé dimanche. La dirigeante de l'extrême droite Marine Le Pen, galvanisée par le Brexit et l'investiture vendredi de Donald Trump à la présidence américaine, a d'ailleurs promis dimanche que 2017 sera «l'année du réveil des peuples de l'Europe continentale», en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, lors d'un congrès des droites extrêmes et populistes européennes, à Coblence en Allemagne. En attendant le débat télévisé prévu mercredi soir, avant le second tour dimanche, Manuel Valls a ouvert les hostilités dès hier soir en dénonçant les «promesses irréalisables et infinançables» de son adversaire, assurant malgré son retard au premier tour que «pour le deuxième tour, rien n'est écrit». «Je suis un combattant, j'aime les débats, j'aime la confrontation (...) et je me battrai jusqu'au bout», a-t-il promis. «Les électeurs ont voté par conviction, pas par résignation, sinon ils ne m'auraient pas placé en tête», s'est félicité de son côté Benoît Hamon à l'annonce des résultats, en défendant son «projet de société» axé sur les questions «sociales et écologiques». Sa proposition phare : un revenu universel de 750 euros pour chaque Français. «Mon projet ne vise pas à dire que ‘j'ai été Premier ministre donc je serai un bon président'. Le costume il pense peut-être qu'il l'a, mais on n'est pas dans un concours de prêt-à-porter présidentiel», a-t-il ensuite taclé. Des déclarations qui rendent aléatoire le rassemblement des deux prétendants autour d'un seul candidat après le second tour, condition indispensable pour conjurer un scénario d'échec de la gauche. Le scrutin de dimanche n'a suscité qu'une mobilisation médiocre : moins de deux millions d'électeurs, alors que plus de quatre millions de personnes s'étaient déplacés pour la primaire de la droite en novembre.