Un débat respectueux et sans surprise a opposé jeudi soir les sept candidats à la primaire de la gauche pour l'élection présidentielle, qui ont tenté de convaincre les électeurs appelés aux urnes les 22 et 29 janvier. Durant deux heures et demie sur TF1 et RTL, ils se sont rarement interpellés, chacun avançant son programme avec l'objectif commun d'empêcher que le second tour de l'élection présidentielle oppose la droite "brutale" de François Fillon à l'extrême droite. Une enquête Elabe réalisée pour BFM TV auprès de 1.117 téléspectateurs a donné l'avantage à l'ancien ministre Arnaud Montebourg, jugé le plus convaincant par 29% des sondés, devant Manuel Valls (26%) et l'ancien ministre Benoît Hamon (20%). Auprès des sympathisants de gauche, l'ancien Premier ministre arrive en tête avec 28%, devant Benoît Hamon (27%) et Arnaud Montebourg (23%). Pour éviter l'élimination de la gauche, les candidats ont dit leur volonté de discuter avec Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) et Emmanuel Macron (En Marche !) pour se rassembler, mais refusé de dire s'ils s'effaceraient derrière l'un ou l'autre de ces concurrents. Benoît Hamon a défendu "une gauche qui s'assume" pour battre "la droite totale" de François Fillon (Les Républicains) et "l'extrême droite "dangereuse" de Marine Le Pen (Front national). Pour l'emporter, "il faut que la gauche se retrouve", a plaidé pour sa part Arnaud Montebourg, invitant les déçus du quinquennat de François Hollande à voter pour lui. Soulignant que "gouverner, c'est difficile", Manuel Valls a mis en avant son expérience, tandis que l'ex-ministre Vincent Peillon s'est affiché comme le point d'équilibre de la gauche. Les propositions sur l'économie et la sécurité ont constitué le cœur d'un débat sans heurt, le bilan du quinquennat finissant de François Hollande ayant été résumé en quelques mots en début d'émission. La plupart ont évoqué à cet égard leur déception - "un sentiment d'inachevé" pour Benoît Hamon, des "avancées" mais un échec sur le chômage pour Arnaud Montebourg - à l'exception de Manuel Valls, qui a dit sa "fierté d'avoir servi les Français dans une période très difficile". Benoît Hamon a critiqué la tentative, soutenue par l'ancien Premier ministre, d'étendre la déchéance de nationalité, jugeant que "cette mesure a heurté des millions de compatriotes". Au chapitre économique, Benoît Hamon a défendu son projet de revenu universel, critiqué par la majorité de ses concurrents socialistes, tandis qu'Arnaud Montebourg a promis de taxer les banques de 5 milliards d'euros par an et de contester l'objectif européen de limiter le déficit à 3% du PIB, "une règle absurde". Benoît Hamon et Arnaud Montebourg se sont en outre engagés à abroger la loi Travail, adoptée sans vote l'an dernier via la procédure de l'article 49-3 de la Constitution. Valls veut prolonger sa politique Manuel Valls a quant à lui confirmé sa volonté de prolonger la politique menée lorsqu'il était Premier ministre, en promettant d'"aller plus loin, non pas de changer de cap". Celui qui était ministre de l'Intérieur avant de diriger le gouvernement pendant plus de deux ans s'est montré à l'aise sur le volet sécurité. "Ce qui doit être fait doit être fait et ce qui doit être tenu secret doit être tenu secret", a-t-il déclaré en réponse à une question sur les exécutions "extra-judiciaires". Campé sur sa posture régalienne, il a estimé que l'état d'urgence prononcé après les attentats du 13 novembre 2015 devrait être prolongé "aussi longtemps que nécessaire", alors que Benoît Hamon demande sa fin. La candidate du Parti radical de gauche, Sylvia Pinel, a défendu les entreprises, l'écologiste François de Rugy a mis en garde contre les promesses non financées et Jean-Luc Bennahmias, du parti Front démocrate, a mis en avant "l'intérêt général". Deux autres débats opposeront les sept candidats à la primaire les 15 et 19 janvier. Une dernière confrontation opposera les deux finalistes le 25 janvier. Le Parti socialiste a prévu quelque 7.500 bureaux de vote et espère une forte participation, à l'image de celle de la primaire de la droite pour laquelle plus de quatre millions d'électeurs s'étaient déplacés en novembre.