Scène n La générale de la pièce «Tacequft Tanegarut» (le dernier spectacle), au contenu relevé, où l'amour du théâtre finit par triompher sur les affres de la guerre a été présentée samedi à Alger, devant un public relativement nombreux. Accueilli à la salle Mustapha-Kateb du Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (Tna), le spectacle, «Tacequft Tanegarut», inspiré du texte «Fi Aâli El Hob» du dramaturge irakien Felah Chaker, a été réécrit et mis en scène par Okbaoui Cheikh et traduit en Tamazight par Taoues Yehia Messaoud. Dans un pays en état de guerre, «Lahbiba» jeune comédienne de théâtre, décide de remonter sur scène pour y jouer le dernier rôle, dans un théâtre qui menace de s'effondrer, après avoir été intensément bombardé. Voulant montrer l'importance du théâtre dans la société, Lahbiba va tenter de provoquer les pouvoirs surnaturels et bienfaiteurs du gardien du théâtre en convoquant, à travers une évasion dans le passé, plusieurs personnages qui ont marqué le théâtre algérien et universel. Ressuscitant notamment, "Hamlet" de Shakespeare, «Djelloul Lef'Haïmi» de Abdelkader Alloula, «Tartuffe» de Molière et «Le Sinistré» de Mohand Ouyahia, connu sous le nom d'artiste de «Mohia», Lahbiba va finir par convaincre le gardien. Durant une heure de temps, les cinq personnages, campés par Zoulikha Talbi, Mourad Bellagh, Fahem Hammas, Belloul Idir -également compositeur de la bande son-, Hamadache Boutchiche, et Lyès Bellagh, ont bien porté la densité des dialogues, occupant tous les espaces de la scène et plaidant avec beaucoup d'énergie, pour l'amour comme seule réponse aux canons. La scénographie, œuvre d'Amirouche Saïdoun, a été illustrative, avec une petite scène aux rideaux rouges et quatre chaises utilisées par les quatre personnages-référents, également musiciens et vocalistes du chœurs grec qui ont interprété, au sons du banjo, bendirs et tambourin, des pièces aux modes et intonations kabyles. Ayant choisi dans sa conception une technique d'expression se basant sur le théâtre dans le théâtre, le metteur en scène a également inscrit son spectacle dans le registre du «théâtre physique»», où il a opté de faire passer le message par le jeu d'acteur, le chant et la chorégraphie. «Pour se libérer des contraintes liées à la difficulté de trouver une langue intermédiaire, notamment lorsque le véhicule linguistique est en partie inaccessible, le théâtre moderne a tendance à compter beaucoup plus sur le jeu d'acteur, la mimique, la chorégraphie et le chant», explique le metteur en scène. Présenté dans une forme légère, le spectacle, parsemé de quelques interventions en Arabe, en Anglais et en Français, a suscité l'adhésion du public qui a eu du bon répondant, applaudissant longtemps les comédiens. Okbaoui Cheikh, dont les travaux ont plusieurs fois été primés, signe sa dixième mise en scène, toutes pièces confondues et sa quatrième en Tamazight. Parmi ses conceptions, «El hob el mamnoue» (l`amour interdit-2008), «El Djidar» (le mur-2013), «Azzouzen» (2015), prix de la meilleure recherche théâtrale au Festival de Babel en Roumanie, «Halet hob» (2016) et «Jules César» (2016). Fondée en 2004, l'Association «Itran» (les étoiles), productrice du spectacle «Tacequft Tanegarut», compte à son actif plus de 50 spectacles dont «Takesna N'Massensen», «8 mai 1945», «Abrid Imawlen» (le chemin des ancêtres), «Tirzef Gher...» (visite au ...) et plusieurs participations nationales et internationales dans le 4e art.