Conflit n Six ans de guerre ont causé des destructions dans des quartiers périphériques et des mouvements de population. Avec l'évacuation des rebelles de Barzé, Techrine et Qaboun, places fortes de l'opposition depuis mars 2011, les insurgés voient s'envoler leur rêve de prendre la capitale et de ce fait de renverser le régime en place depuis 50 ans. «Avec la prise de ces trois quartiers, le régime contrôle quasiment toute la capitale. Il ne reste plus aux rebelles à l'est qu'une partie de Jobar, qui est en grande partie détruit», assure Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Le 19 mars dernier, des groupes rebelles et des jihadistes du Front Fateh al-Cham ont lancé, à partir de Jobar, une offensive surprise et pénétré brièvement sur la place des Abbassides, limitrophe du centre, avant d'être repoussés. Pour Mohammad Allouche, dirigeant de Jaich al-Islam (Armée de l'Islam), le groupe rebelle le plus puissant autour de Damas, «le régime a désormais un plan pour avaler le quartier de Jobar dans la prochaine phase et se diriger ensuite vers la Ghouta» orientale. Située à l'est de Damas, cette vaste région agricole péri-industrielle et résidentielle a rejoint très tôt l'opposition au régime. Mais le mouvement chiite libanais Hezbollah, allié au régime, a réussi à couper toutes les routes reliant le Liban à Damas et à la Ghouta en prenant position dans Qalamoun, à la frontière entre les deux pays. «En stoppant les sources de ravitaillement d'armes, d'hommes et de provisions depuis le Liban, le régime et ses alliés ont coupé l'herbe sous les pieds des rebelles de Damas».«C'est un tournant dans le conflit», se félicite Ahmed Mounir Mohammed, conseiller auprès du gouvernement pour la réconciliation nationale. «C'est une victoire de l'Etat syrien aux niveaux national, militaire, social et régional». «Alep repris et Damas en passe de l'être totalement, cela signifie que la rébellion n'est plus une alternative politique ou militaire. Le régime n'est donc aucunement menacé et n'a pas besoin de faire de concessions», soulignent de nombreux observateurs. Depuis six ans, la capitale, avec ses 1,6 million d'habitants, a été cependant bien moins abîmée que les deux métropoles, Homs et Alep, ravagées par les combats. Au plan politique, l'ONU ouvre demain à Genève un nouveau cycle de négociations pour mettre fin à la guerre en Syrie, déjà éclipsé par des pourparlers parallèles menés par la Russie, l'Iran et la Turquie ainsi que par les défaites rebelles à Damas. Les efforts pour y mettre fin se mènent désormais sur deux circuits concurrents : le processus politique formel se déroule au siège de l'ONU à Genève depuis 2014 tandis que des pourparlers parallèles se tiennent depuis janvier à Astana au Kazakhstan à l'initiative de la Turquie, soutien des rebelles, de la Russie et l'Iran, alliés du régime de Bachar al-Assad. Depuis l'élection de Donald Trump comme président, les Etats-Unis, qui appuient les rebelles, se sont mis en retrait du processus de paix qu'ils présidaient auparavant avec la Russie. L'ONU cherche aujourd'hui à rester par tous les moyens dans la course après l'important accord signé à Astana le 4 mai et qui prévoit de créer des «zones de désescalade» en Syrie pour limiter l'effusion de sang. Depuis l'entrée en vigueur de l'accord il y a une semaine, les combats ont diminué dans plusieurs régions du pays.