Résumé de la 6e partie n Paget étudiait le doigt qu'il avait frotté contre la sole du four. Il ne l'avait pas nettoyé du résidu grisâtre. J'ai enchaîné : — Vous avez été, aujourd'hui même, observée dans la ruelle derrière la banque. Vous avez vu la personne qui vous observait. Edna, gardez-vous cet alibi tout prêt au cas où quelqu'un relèverait vos traces ? Avez-vous préparé d'avance un plat compliqué censé vous avoir retenue dans votre cuisine ? Etait-ce bien la même situation qui s'est présentée, il y a onze mois, avec le rôti de porc ? Edna Bemis n'a pas répondu. — Votre cuisine est propre comme un sou neuf, comme le reste de l'appartement, ai-je insisté. — Je déteste le désordre, a-t-elle glissé. — Vous ne pouvez pas avoir été en train de préparer ce truc de canard, lui ai-je répliqué. Vous avez créé un trompe-l'œil. D'où provient le canard qui est dans le four ? — Du congélateur, a-t-elle concédé. Apprêté partiellement en vue d'une circonstance de ce genre, et réchauffé au micro-ondes. — Un canard Marco- Polo ! Au micro-ondes ! Paget branla du chef. Il avait pâli. Edna s'est justifiée : — Mon mari est mort il y a plusieurs années. D'une très longue maladie. Je n'ai pas encore fini de régler les factures. J'ai demandé : — Edna, où avez-vous caché votre butin d'aujourd'hui ? — Je suis heureuse que vous me le demandiez. Une perquisition négligente créerait un désordre épouvantable. Dans le sac à poussières de mon aspirateur. — Vous auriez pu trouver d'autres solutions, a remarqué Paget. Edna Bemis avait retrouvé son sourire radieux : — Je le reconnais... mais, j'aimais bien, aussi, l'excitation. Nous avons appelé des renforts. Des collègues qui surveilleraient l' endroit en attendant le mandat de perquisition. Nous avons emmené Edna et nous l'avons bouclée. Puis nous avons filé avant que la presse ne débarque. Nos chefs adorent les caméras et les micros. Pas nous. Nous sommes retournés à l'appartement, pour voir comment l'équipe de fouille opérait. Bien entendu, ils n'ont pas découvert une seule arme, mais ils ont trouvé des tickets de courses hippiques, des jumelles, et la carte d'un club. Le problème d'Edna, ce n'était pas un mari décédé, mais les courses. Afin de célébrer l'événement, nous nous sommes arrêtés pour prendre un verre. Paget a commandé un verre de vin. Du vin français. Je l'ai imité, en demandant une bière d'importation. Paget a humé son verre : — Boisé. — Raconte ce que tu veux. Pour moi, ça n'est que du jus de raisin. Comment crois-tu que le procureur va réagir ? A suivre