Opus - Dans un souci purement artistique et d'orientation plus actuelle, le groupe «Ithrane» a introduit le saxophone, la guitare, la batterie, la contrebasse, la senza, instrument de musique africaine, ainsi que des variétés de notes jazz. «El-Mahlef», dernier opus du groupe chaoui «Ithrane», se caractérise par l'intégration de styles musicaux rock et pop dans le style pur chaoui, cadencé par un accompagnement de bendir et une rythmique jazz. Le chant chaoui particulièrement polyphonique, pilier culturel et identitaire de l'Est algérien, est dévoilé d'une manière originale et harmonieuse sans que cela ne lui fasse perdre son essence. Fidèle au répertoire d'Aïssa Djarmouni et au chant ancestral des Rahaba ou Irahaben, hommes et femmes chantant accompagnés de gasba et bendir, «Ithrane» reproduit l'allégresse et l'entrain des fêtes aurésiennes avec le texte «E-Mahlef», désignation également de ce troisième album. Sous la conduite de Mohsen Ferrah, guitariste, la formation s'est investie trois années pour en extraire neuf textes inédits. Mélodies interprétées par le chanteur Rabah Laib à la voix si expressive par l'émotion qu'elle émet. Neuf titres interprétés en tachawit, tels que «Adhrer Lawres» (Les monts de Aurès), «Acha Bouya» (Pourquoi père ?), «Idhalli» (Hier), «Dorth Fellam» (Ton tour viendra), «Ouchen» (Le chacal), «Idoukla» (L'union), «El-fouchi» (Le fusil), des textes écrits par Sabhi Chafai et Slimane berbère. Au sujet de cette dernière chanson en l'occurrence «El-fouchi», il faut savoir que dans les Aurès la place du fusil a toujours été importante pour stimuler les chanteurs au cours de fêtes traditionnelles. Dans un souci purement artistique et d'orientation plus actuelle, le groupe «Ithrane» a introduit le saxophone, la guitare, la batterie, la contrebasse, la senza, instrument de musique africaine, ainsi que des variétés de notes jazz. Un agencement musical qui ne manque pas de caractère et d'harmonie mélodieuse. Outre l'interprète Rabah Laib, le trio des frères Ferrah, Rabah, Mohcen, Yazid, l'orchestre a été accompagné par Mehdi Djamaa et Hassen Khoualef respectivement saxophoniste et batteur. Né en 1992, dans la ville de Sidi Rghiss (Oum El-Bouaghi) le groupe «Ithrane» possède à son actif, deux premiers albums, «Imazighen» (1993) et «New Tindi» (2011). Cet avant-dernier CD a été dédié à la mémoire d'Othmane Bali. Depuis son entrée sur le marché des variétés, le groupe a toujours opté pour des textes de qualité, se situant dès son arrivée dans le monde de la musique, avec la mouvance musicale des années 80 et 90 où l'on a vu émerger plusieurs formations musicales du style pop-rock. Longtemps marginalisé par une jeunesse éprise de Rai, le chant chaoui a été «goûté» seulement par ses adeptes et connaisseurs. Il faudra attendre deux décennies, 2012, pour que le groupe, invité à se produire à l'Institut du monde arabe à Paris, se fasse apprécier par de grands interprètes d'origine algérienne. Là, ce fut le déclic.