Assurances - Le financement non-conventionnel, envisagé par le gouvernement, ne devrait pas se répercuter par une explosion de l'inflation, selon la Banque d'Algérie. «Les risques inflationnistes de ce financement sont maîtrisables, très maîtrisables», a assuré hier mardi, le vice-gouverneur de la Banque d'Algérie (BA). Selon Saïd Maherzi, vice-gouverneur, une explosion de l'inflation est généralement le fruit d'une création monétaire qui n'est pas associée à une croissance réelle du PIB, or, poursuit-il, le Plan d'action du gouvernement prévoit une série de mesures, entre autres budgétaires, qui garantissent un plafonnement des dépenses publiques, une rationalisation des subventions, une croissance soutenue de la fiscalité ordinaire mais avec le maintien du financement des investissements grâce au recours à ce financement non conventionnel. Cette politique devrait conduire, d'une part, à accroître le PIB hors hydrocarbures, et donc absorber la demande qui sera induite par l'accroissement de la masse monétaire et, d'autre part, à réduire graduellement le recours, par le Trésor, aux prêts directs de la BA du fait de la rationalisation budgétaire qui sera traduite par une baisse des dépenses à terme, a-t-il expliqué devant la commission des finances et du budget de l'APN. «Ce qui serait inquiétant n'est pas le principe de recourir à ce financement mais le fait d'y recourir de manière abusive et démesurée. Pour ça, il ne faut pas s'alarmer car le gouvernement est plus que jamais conscient de la nécessité de rationaliser les dépenses publiques», a-t-il soutenu. Dans le même sillage, il a mis en avant la création envisagée d'un organe de suivi et de contrôle pour accompagner la mise en œuvre du financement non-conventionnel. En plus, la BA continuera à jouer son rôle en matière de stabilisation financière et de stabilisation des prix, rassure encore M. Maherzi. Les onze députés membres de la commission qui sont intervenus ont exprimé, dans leur majorité, leur crainte d'assister à une explosion du taux d'inflation au bout de cinq ans, à savoir la durée qui a été fixée pour le financement non-conventionnel attendu. L'un des intervenants a, quant à lui, mis l'accent sur la destination du financement non-conventionnel qui sera, estime-il, orienté forcément vers la consommation. «Le gouvernement dit que ce financement sera destiné exclusivement vers le budget d'investissement et non pas vers le fonctionnement mais, dans un pays comme l'Algérie, la production, même si elle est encouragée, sera destinée au marché interne et non pas à l'exportation, et donc à la consommation, ce qui va alimenter l'inflation», a-t-il argué. Pour l'économiste Kamal Kheffache, le recours à la planche à billets fait peser un risque d'une spirale inflationniste incontrôlable semblable à celle du Venezuela. «Le mode de financement non-conventionnel anticipe sur l'accroissement de la demande à terme (investissement et consommation) mais il accélère le processus inflationniste en cas de rigidités structurelles et de non dynamisation du tissu productif», estime-t-il.