Le Vice-gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Saïd Maherzi, a indiqué que le financement non conventionnel, envisagé par le Gouvernement à travers l'amendement de la loi sur la Monnaie et le Crédit, ne devrait pas se répercuter par une explosion de l'inflation, comme le redoutent certains experts, du fait que le Plan d'action du Gouvernement prévoit des réformes économiques et budgétaires garantissant une croissance du PIB hors hydrocarbures à moyen terme. «Les risques inflationnistes de ce financement sont maîtrisables, très maîtrisables», a-t-il dit devant la Commission des Finances et du Budget de l'APN, réunie pour débattre le projet de loi portant amendement de l'ordonnance relative à la Monnaie et au Crédit, en vue d'autoriser le Trésor public à s'endetter directement auprès de la BA. Selon le Vice-gouverneur, une explosion de l'inflation est généralement le fruit d'une création monétaire qui n'est pas associée à une croissance réelle du PIB, or, poursuit-il, le Plan d'action du Gouvernement prévoit une série de mesures, entre entres budgétaires, qui garantissent un plafonnement des dépenses publiques, une rationalisation des subventions, une croissance soutenue de la fiscalité ordinaire mais avec le maintien du financement des investissements grâce au recours à ce financement non conventionnel. Cette politique devrait conduire, d'une part, à accroître le PIB hors hydrocarbures, et donc absorber la demande qui sera induite par l'accroissement de la masse monétaire et, d'autre part, à réduire graduellement le recours, par le Trésor, aux prêts directs de la BA du fait de la rationalisation budgétaires qui sera traduite par une baisse des dépenses à terme, a-t-il expliqué lors d'une séance présidée par Toufik Torche (FLN), président de la Commission. «Ce qui serait inquiétant n'est pas le principe de recourir à ce financement mais le fait d'y recourir de manière abusive et démesurée. Pour ça, il ne faut pas s'alarmer car le Gouvernement est plus que jamais conscient de la nécessité de rationaliser les dépenses publiques», a-t-il soutenu. Dans le même sillage, il a mis en avant la création envisagée d'un organe de suivi et de contrôle pour accompagner la mise en œuvre du financement non conventionnel. En plus, la BA continuera à jouer son rôle en matière de stabilisation financière et de stabilisation des prix, rassure encore M. Maherzi. Les onze députés membres de la Commission qui sont intervenus, ont exprimé, dans leur majorité, leur crainte d'assister à une explosion du taux d'inflation au bout de cinq ans, à savoir la durée qui a été fixée pour le financement non conventionnel attendu. L'un des intervenants a, quant à lui, mis l'accent sur la destination du financement non conventionnel qui sera, estime-il, orienté forcément vers la consommation. «Le Gouvernement dit que ce financement sera destiné exclusivement vers le budget d'Investissement et non pas vers le fonctionnement mais, dans un pays comme l'Algérie, la production, même si elle est encouragée, sera destinée au marché interne et non pas à l'exportation, et donc à la consommation ce qui va alimenter l'inflation», a-t-il argué.