Trafic du drogue Mohamed et Réda H., sont deux frangins poursuivis pour détention et trafic de came. Deux autres jeunes sont à leurs côtés pour complicité. Mes Yaqout Djeraoud et Malia Bouzid, Ouali Laceb et Mustapha Farrouk Ksentini les assistent sans poser aucune question. Malek, la présidente, a dû avoir une rapide circulation sanguine lorsque les deux frangins ont crié leur douleur et leur désespoir en dénonçant le mauvais traitement subi lors de l?enquête préliminaire. Elle a même reproché aux détenus de ne pas s?être plaints des coups et autres raclées encaissées. «Je vous jure que j?ai donné le nom de mon frère Réda, juste pour pouvoir respirer un moment», a crié Mohamed l?aîné. Le juge défie l?inculpé de relire un passage du P.-V. de la PJ et du juge d?instruction où il donne son frangin. Elle passe à la lecture : «Mon frère est revendeur assidu.» Les avocats ne disent rien. Ils comptent jouer sur un autre registre. «La quantité de came trouvée sur les frères». «Quatre-vingt-quinze grammes !». Pour Me Ksentini, son client, Mohamed H., a nié, depuis le début, le trafic. «C?est un jeune qui se shoote, il vous l?a dit, il ne l?a pas caché», ajoute l?avocat qui tient à préciser que même s?il a revendu une partie des quatre-vingt-quinze grammes de chira une seule fois, la loi ne le punit pas. «Il faut que l?opération de revente se renouvelle plusieurs fois, or il n?en est rien», conclut le conseil qui demande un verdict clément. Me Bouzid affirme que l?élément constitutif de la commercialisation n?existe pas, car la loi punit ceux qui possèdent 1,500 kg de drogue. «C?est la législation qui a prévu ce cas», murmure presque l?avocate. Pour Houcine A. S., elle dit que ce jeune n?était pas avec les deux frères. «Sa présence dans cette salle est injustifiée», conclut-elle en demandant la relaxe pure et simple. Me Laceb, pour Houcine A. S., décortique le P.-V. de la PJ en vue de trouver de quoi poursuivre son client. Rien. «Le dossier traîne depuis avril 2003. La manière avec laquelle vous avez mené les débats, madame la présidente, me laisse optimiste quant à votre décision», souligne le conseil qui a rejeté d?un revers de la main le délit de complicité de Houcine et des deux autres détenus. «La perquisition au domicile n?a rien donné. Et alors ?» Me Djeraoud, enfin, plaide dans le même sens que ses aînés en estimant que les demandes du procureur sont plus qu?injustifiées. «Cet innocent est privé de ses libertés depuis plus de cinq mois. Il est temps qu?il revoie les siens», articule timidement la jeune avocate. Auparavant Khaled Mihoubi, le jeune représentant du ministère public, avait requis deux peines sévères : trente-six mois de prison ferme, dix-huit autres pour le quatrième inculpé qui a assuré le tribunal qu?il ne connaissait pas les deux frères détenus et Liassine M., en fuite, trois ans ferme. En fin, d?audience, Malek lit le verdict : Mohamed écope d?un an ferme alors que Réda, son frère est relaxé. Houcine A. Saâdi est relaxé, Yousfi L., six mois avec sursis ; Redouane Cherif, le greffier, achève de prendre acte du verdict et appelle Oualid F. qui a battu son épouse.