Résumé de la 4e partie Abu Madyan Chou?ayb est initié au mysticisme par Abu Yaz'a Yalanur, ermite de Taghia, en pays berbère. Il effectue donc le pèlerinage à La Mecque, passe un certain temps en Orient où il parfait ses connaissances, puis rentre au Maghreb. Il s'arrête à Béjaïa pour une halte, mais la ville lui plaît et il décide de s'y installer. Béjaïa était, à l'époque, la capitale de l'Etat hammadite et, par le nombre de ses artistes, de ses poètes et de ses savants, elle égalait Fès et Tlemcen. Elle possédait de nombreux palais, des mosquées et des médersas où affluaient des étudiants venus de partout. C'était aussi une ville où s'étaient installés de nombreux Andalous, ce qui réjouissait beaucoup Chou?ayb, heureux de retrouver des compatriotes. On vient le solliciter pour donner des cours mais il s'y refuse : «Je veux me consacrer entièrement à la dévotion, je veux vivre dans la solitude.» Mais voilà qu'un étudiant fait un rêve où il est ordonné au mystique d'enseigner. Croyant à la force du rêve, il décide de répondre à l'appel. Si son enseignement lui attire des foules, il provoque l'hostilité des juristes, les foqqahas, qui s'attachent à la lettre du Coran et rejettent les doctrilles mystiques. C'est ce qu'affirme en tout cas Ibn Arabi, un autre fameux mystique andalou, qui semble avoir rencontré Abu Madyan et même avoir été son disciple. Son enseignement était basé sur le scrupule et l'humilité. Comme d'autres saints, tels que Sidi Lh'alwi de Tlemcen ou Sidi Abdelkader al Jilani de Bagdad, il s'habillait comme un mendiant et refusait les honneurs. Il appelait ses disciples à libérer leur âme de toutes les contingences, à se débarrasser de l?amour de soi pour ne considérer que l'amour de Dieu. L'âme, devait parvenir à ce qu'il appelait la «nudité spirituelle», I'innocence qui la fait s'abandonner entièrement à Dieu. Il enseignait le Coran mais il prenait soin de dire qu'on ne pouvait connaître qu'une partie de la vérité. On rapporte qu'il n'avait pas dépassé la sourate 67, al-Mulk, La Royauté. Quand on lui a demandé pourquoi il n?allait pas plus loin, il a répondu que pour lui, cette sourate est la limite du sublime et que s'il allait plus loin, il craignait d'être consumé par la puissance du verbe divin. Il avait le don de la prémonition et il lui suff¦sait de regarder quelqu?un dans les yeux pour deviner ce qu'il allait faire ou devenir. A un de ses disciples, il a révélé ce que sa vie serait dans une vingtaine d'années, ce qui n'a pas manqué de se produire, selon les biographes du saint. On rapporte qu'un de ses disciples s?était querellé avec son épouse, cassant toute la vaisselle. Il était au cours du maître et il songeait à la répudier. ? Comme tu es pensif, lui dit Abu Madyan. L'homme baisse les yeux et ne dit rien. ? Eh, continue Abu Madyan, qu'est-ce qui t'a pris la nuit passée de casser toute ta vaisselle ? L?homme le regarde, surpris. ? Et qu'est-ce qui te pousse à vouloir répudier ta femme ? L'homme est bouleversé : le maître a lu dans ses pensées ! (à suivre...)