Ouled Fayet Fou de douleur, Hocine se précipite pour se saisir d?un bâton. Il veut se défendre, mais il n?en aura pas le temps car, soudain, il s?écroule. Il agonise. Omar pousse un battant du portail de leur maison et, levant les bras comme pour prendre le ciel à témoin, il hurle : «Hocine est mort, Hocine mon frère est mort !» Terrassé par la douleur, le jeune homme se tient la tête. «Oui, oui, gémit-il, Hocine est mort, mon frère a été assassiné !» Les autres membres de la famille le regardent, interloqués. Personne ne croit les terribles mots qui viennent d?être prononcés. Mais quelques secondes suffisent pour qu?on comprenne enfin l?étendue du drame qui vient de se passer, dont Hocine est la victime. Le quartier est ameuté, la cité est en émoi, les habitants s?interrogent sur les circonstances et les raisons de cette tragédie. Hocine était un beau jeune homme de 29 ans, aimable, poli et surtout sans histoire. Il vient de perdre la vie par la main d?un autre jeune. Le garçon suit une scolarité des plus normales. Mais en 2e année secondaire, au lycée, il abandonne ses études et se tourne vers la vie professionnelle. C?est avec son frère aîné, Omar, qu?il travaille désormais, dans sa confiserie. Quelques années plus tard, Omar lui loue un local et le lance dans le même créneau. Rodé dans cette activité, Hocine s?en tire très bien et arrive à faire prospérer son commerce. Cependant, un malheur vient frapper à leur porte : le 27 octobre 2003, sa mère décède des suites d?une maladie ; les enfants accusent le coup avec dignité et s?inclinent devant la volonté de Dieu. Mais ce malheur n?est que l?avant-goût d?un autre, plus abominable. Quelques mois plus tard, Hocine se fiance. Son mariage est prévu dans quelques mois. Hélas, sa destinée vient de basculer, car cette fête n?aura jamais lieu. Ce jour-là, Hocine rentre chez lui. Il déjeune, prend un douche et accomplit la prière du dohr. Bref, une journée des plus normale. A 14 heures, il se rend à son magasin. Abbès, la quarantaine, cordonnier, marié et père de deux enfants, achète chez Hocine un paquet de sachets noirs qui coûte seulement 30 DA. Abbès revient, il a, à la main, le fameux paquet. Les uns diront qu?il est revenu pour lui rendre le paquet de sachets parce que le nombre ne concordait pas, d?autres affirmeront que c?est parce que les sachets étaient défectueux. Toujours est-il qu?il est revenu pour ce paquet. La victime aurait rétorqué : «Je ne suis pas fabricant de sachets, moi aussi j?ai acheté le paquet comme il est, sans le contrôler.» Bref, le ton monte, les reproches fusent, il y a un mot plus par-ci, un mot de trop par-là. Ils sont seuls dans le magasin, Abbès jette alors le paquet sur le comptoir. Les esprits s?échauffent. Et c?est quand Abbès profère des mots déplacés à l?encontre de la mère de Hocine ce dernier est le plus touché dans sa dignité, surtout que sa maman chérie vient de décéder, il n?y a pas si longtemps. Alors, il sort de ses gonds et la querelle s?envenime. Les deux hommes en arrivent aux mains. Un cousin de la victime et des commerçants voisins interviennent, mais apparemment sans résultat. Abbès quitte les lieux. Il serait, selon Omar, un témoin, allé chercher son frère Abdou, la trentaine. Le premier se serait armé d?un couteau et le deuxième d?une paire de ciseaux. Aussitôt, la dispute reprend et là, personne ne peut les séparer, pas même le cousin, qui s?est vu mettre son pull en lambeaux. Les antagonistes sont trop excités. Puis vient le moment terrible où Abbès, toujours selon Omar, entaille la joue de la victime avec son couteau, alors que Abdou lui enfonce la paire de ciseaux dans la région du c?ur. Fou de douleur, Hocine se précipite pour se saisir d?un bâton ; il veut se défendre. Il n?en aura pas le temps, car soudain, il s?écroule. Il agonise. Son cousin l?évacue à bord du véhicule de son voisin vers l?hôpital ; malheureusement, Hocine décède dès son admission. Aussitôt, les services de police investissent les lieux. Hocine décédé, Abbès est arrêté sur le champ dans sa boutique ; quant à Abdou, il se rendra à la police trois jours après le drame. Le jour du procès, le 6 octobre 2004, Abbès est condamné à 5 ans de prison et Abdou à 20 ans de réclusion criminelle.