Oran Un procès des plus émouvants se tient au tribunal criminel, dans la soirée du 19 du mois en cours. Un jeune homme a assassiné son frère aîné pour une cause des plus banales? Il y a de ces procès où l?on se dit que pour peu, le drame aurait pu être évité. Mais peut-on échapper au destin ? Dans le box des accusés, une jeune homme frêle au teint pâle a du mal à affronter le regard des membres de la cour. Il répond aux initiales de Z. M. et dans quelques heures, il sera condamné pour homicide volontaire sur la personne de son frère aîné, Z. D., 34 ans. Les faits de cette affaire remontent à une belle journée du mois de juillet de l?an 2003, à la rue des frères Boughelta. Une journée comme les autres, somme toute, mais voilà que des cris à donner le frisson émanent d?un appartement où un drame terrible vient de se dérouler. Un drame qui va endeuiller toute une famille à cause d?une couverture que se disputent deux frères, tous deux sous l?emprise de psychotropes. En effet, ce jour-là, Z. M., l?accusé, rentre à la maison, prend une couverture et se dirige vers la porte d?entrée. Son frère aîné, Z. D., la victime, l?interpelle alors, tout étonné : «Mais où vas-tu ainsi ? Que vas-tu faire de cette couverture ? ? Je vais la vendre ! J?ai besoin d?argent ! ? Je t?interdis de faire sortir de la maison quoi que ce soit qui nous appartienne à tous ! Repose cette couverture ! ? Va au diable !» Une dispute éclate entre les deux frères, sous les yeux effrayés de leur jeune s?ur qui tente, tant bien que mal, de les séparer : «Mais enfin, vous n?allez pas vous battre pour une banale couverture ! Arrêtez !» Hélas, Z. M., fou de rage et aveuglé par la forte dose de psychotropes auxquels il s?adonne depuis quelques années, s?empare d?un couteau et frappe son frère aîné au niveau du cou. Redoublant de violence, il le traîne ensuite jusqu?au balcon et le balance dans le vide, tel un vulgaire chiffon ! Lorsque la police arrive sur les lieux, alertée par le voisinage et la jeune s?ur de l?accusé, Z. D. n?est déjà plus de ce monde? Lorsque l?on procède à l?arrestation de l?assassin, quelques minutes plus tard, il ne cesse de répéter : «Je ne voulais pas le tuer ! Je ne voulais pas le tuer !» Le jour du procès, les avocats de la défense insistent beaucoup sur le fait que les deux frères s?adonnaient de façon excessive à la consommation de psychotropes et de ce fait, plaident les circonstances atténuantes à l?égard de l?accusé. Ce n?est pas l?avis du représentant du ministère public, qui, dans un long réquisitoire, met en exergue la gravité des faits et requiert une peine de 20 ans de prison ferme à l?encontre de l'accusé. Ce n'est que tard dans la soirée que le verdict tombe enfin : Z. M. est condamné à 15 ans de réclusion criminelle.