«Body à 600 DA, echri ya galil !», crie Karim d?une voix éraillée. Ce vendeur à la sauvette au marché informel de Belouizdad n?a que 17 ans, des cheveux noirs et un corps frêle. Originaire de Maghnia, il habite actuellement à Bab El-Oued depuis que sa famille y a aménagé, il y a deux ans. En dépit de son jeune âge, il travaille dur. Karim est déjà là à 7 h pour ne rentrer chez lui que très tard le soir. «C?est rare que je me consacre à des sorties ou des parties de foot avec les copains, je suis là quotidiennement.» Cette marchandise, il la récupère à Maghnia, elle provient principalement du Maroc ou de la Tunisie. Il connaît l?itinéraire, il l?a appris par c?ur. Une vieille femme la lui ramène et lui fait passer ses cabas, car elle n?est jamais soupçonnée par les douaniers. Lorsqu?il récupère son dû, il lui donne 300 DA. «Moi, je ne vais à Maghnia que pour la récupérer», lance-t-il fièrement. Ce voyage, il le fait tous les deux mois. Les pulls qu?il propose sont de marques «françaises» pourtant il les cède, parfois, à 400 DA, alors qu?aux vitrines des magasins, ils affichent plus de 1 400 DA. «Je n?ai pas d?impôt à payer et c?est tant mieux, je n?ai pas de local ni d?autres frais. La marchandise est ainsi très vite vendue et je suis obligé de refaire souvent ce voyage», avoue-t-il. Quand la demande est forte, Karim amasse plus de 20 000 DA par jour, parfois, reconnaît-il, ce sont de grosses sommes qu?il transporte. «J?appréhende les agressions, car je suis connu ici et en plus je suis jeune.» Les autres vendeurs achètent leur marchandise auprès de grossistes pour la revendre en détail à des prix défiant toute concurrence. De la vaisselle, des chaussures, des sous-vêtements, des gâteaux? Tout y est.