Entre Taza, Tlemcen et le Figuig, dans les steppes orientales, la tribu Zénète (berbères des hauts-plateaux, nomades éleveurs de chameaux et de moutons), unie à celle des Beni Merin (les Mérinides), menés par un chef énergique en la personne d'Abou Youssef Yâacoub, n?acceptent pas les défaites successives et occupent tout le nord du Maroc. Dès 1248, les Beni Merin s'enhardissent et partent en campagne pour s'emparer du pouvoir. Ils font tomber Taddla, Sijilmassa, Rabat, Salé et Fès (où fut édifiée une ville nouvelle, Fès el-Jedid, en 1276). Ils s?assurent ensuite le contrôle des routes caravanières du sud et prennent Sijilmassa et les oasis de la vallée du Drâa. Ce n?est qu?en 1269 qu?ils prennent Marrakech, mettant définitivement fin à la dynastie Almohade. Abou Youssef Yaâcoub se proclame alors sultan et établit sa capitale à Fès el-Jedid. La prise de Marrakech marque le début de l'ère mérinide. Abou Youssef Yaâcoub, premier sultan de la nouvelle dynastie, s'efforcera de rétablir l'unité du Maghreb. Il amorce également la politique religieuse de ses successeurs en défendant l'orthodoxie et en s'investissant corps et âme dans la guerre sainte. A plusieurs reprises, il traverse le détroit de Gibraltar pour venir en aide aux musulmans d'Espagne, cruellement persécutés par l'Inquisition. Youssef Yaâcoub parvient à ralentir la progression des chrétiens vers le sud de l'Espagne. Grenade, sauvée, connaît son âge d'or. Le troisième et le plus valeureux des souverains mérinides, Abou el-Hassan, surnommé le «sultan noir» car il était né d'une mère abyssine, contrôlera l'empire de 1331 à 1349. En 1347, il parvient à reconstituer un empire berbère qui s'étend de Tunis aux rivages de l'Atlantique. On doit à sa grande piété la construction de très belles médersas, véritables foyers intellectuels dont l'importance sera grande par la suite. Ces universités coraniques témoignent également d'un art nouveau que l'on nomma hispano-mauresque. Le degré de raffinement de ces monuments, comme la nécropole de Chellah à l'entrée de Rabat, caractérise la période mérinide. Le fils d'el-Hassan, Abou Inan, doit affronter des tribus rivales, très supérieures en nombre. L'empire ne peut être maintenu, Abou Inan perd l'Algérie et la Tunisie. Très affaiblis, les Mérinides ne parviennent plus à repousser les attaques chrétiennes et sont définitivement chassés d'Espagne. Profitant de l'élan de la Reconquête, nourris par le vent d'aventure qui souffle sur les grands voyages de découverte, les Ibères se rapprochent du Maroc ; en 1415, les Portugais sont à Ceuta. En 1492, Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille reprennent la ville de Grenade. Dans le même temps, les Turcs entrent à Tlemcen, aux portes du Maroc. L'avènement des Mérinides eut des conséquences désastreuses sur Marrakech, abandonnée par ses savants et artisans et délaissée au profit de Fès, sa rivale de toujours. (à suivre...)