Evocation Le personnage représente une des figures emblématiques de la lutte du peuple algérien, a affirmé Madjda Essabahi, qui incarne la grande moudjahida dans le film de Youcef Chahine. Dans une déclaration à l'APS, l'actrice égyptienne raconte comment elle a adopté l'idée de faire le film consacré à cette héroïne après avoir lu dans la presse arabe et internationale les articles écrits sur cette femme dont la cause a également été adoptée par des organisations humanitaires internationales, y compris la Croix-Rouge internationale. Elle a précisé qu'elle voulait retracer, par l'image et le son, la lutte du peuple algérien pour sensibiliser l'opinion internationale, ouvrir un autre front en faveur de la révolution et montrer que toute la nation arabe avait épousé la cause algérienne. Elle a rappelé qu'en dépit des difficultés financières enregistrées au début du tournage, le film n'étant pas commercial, l??uvre avait quand même réuni autour de son scénario les grands écrivains de l'époque comme Nagib Mahfoudh, Youcef Essibai et Abderahmane Echarkaoui. Cette initiative, la première dans l'histoire du cinéma, visait à marquer la solidarité avec la guerre d?Algérie. Madjda Essabahi se souvient également que suite à un différend avec le réalisateur Azeddine Dhoulfikar sur l'essence du film, sa mise en scène a été confiée à Youcef Chahine. La projection du film dans plusieurs pays arabes, en ex-URSS et en Chine, durant près de 20 ans, avait quelque peu embarrassé les autorités françaises dont les représentations diplomatiques à l'étranger avaient alors protesté sous prétexte que le film portait préjudice à l'Etat français qui défend les droits de l'homme. Magda, pour qui le souvenir de la rencontre, depuis quelques années, avec l'héroïne d'Algérie est encore imprégnée de la même chaleur qui avait marqué le moment, évoque avec fierté le témoignage du philosophe Jean-Paul Sartre à certains journaux français dont l'émotion, après avoir vu le film, était telle qu'il avait oublié sa nationalité française. Elle note avec regret qu'un demi-siècle plus tard, le film ne soit pas projeté dans les pays arabes. Elle déplorera également les pratiques du néocolonialisme contre les peuples arabes en Palestine et en Irak. De son côté, l'acteur Omar Hariri se souvient encore de l'accueil chaleureux réservé à sa troupe théâtrale dans les villes algériennes de Annaba, Constantine et Tlemcen. Une chaleur qui leur fera oublier les désagréments de l'expulsion par les autorités coloniales qui suspectaient, quelques jours auparavant, le déclenchement de la lutte armée. La représentation était intitulée L?Esclavagisme. Il se souvient avec beaucoup de fierté du Coran offert à la troupe par Bachir El-Ibrahimi, un des pôles de l'Association des oulémas musulmans algériens. Par ailleurs, l'écrivain Mohamed Aouda, auteur de La Guerre d'Algérie, raconte comment les guerres algérienne et égyptienne ont libéré les deux pays. L'historien, qui a visité l'Algérie plusieurs fois pendant la guerre, se rappelle également de ses rencontres avec les grands dirigeants politiques et moudjahidine dans les maquis et la manière dont ces derniers planifiaient leurs opérations.