A quelques mètres de l?entrée du site 1 200 Logements à Boumerdès se trouve l?école primaire Ibn-Khaldoun El-Jadida. Constituée d?une quinzaine de chalets, cet établissement abrite, depuis le mercredi 21 mai, pas moins de 89 familles. À l?intérieur, au seuil de la porte, dans des classes aménagées en cuisines, des femmes sont occupées aux différentes tâches ménagères. «Seules les femmes peuvent passer la nuit dans les chalets avec leurs enfants en bas âge», précise cependant Adel Guetarni, le jeune responsable du camp. Quant aux hommes, ils sont priés de dénicher une place sous les tentes tout près des chalets. «Toutes ces femmes sont, avant tout, des voisines qui se connaissent depuis longtemps et elles peuvent cohabiter dans un seul chalet sans le moindre problème.» Par ailleurs, le porte-parole des sinistrés indiquera que ces familles ont fait l?objet d?une tentative d?expulsion par des responsables qui voulaient les transférer vers un site en toile de 45 tentes : «Nous avons refusé cette proposition pour la simple raison que ces tentes ne peuvent contenir ce nombre élevé de personnes.» Interrogé sur la scolarité des enfants à quelques semaines de la rentrée, il dira que rien n?a été prévu «même pas une classe ou ils peuvent étudier ou suivre des cours de rattrapage». En revanche, une serre a été aménagée pour diverses activités et ateliers : poterie, dessins, marionnettes, etc. A Réghaïa, une commune touchée par le séisme à hauteur de 75%, une opération de confortement et de réfection se déroule actuellement dans différents quartiers. Une autre est également enclenchée. Il s?agit de l?expulsion des familles sinistrées occupant des établissements scolaires. Les trois occupants de l?école primaire Abdellah-Berbare, sise au centre-ville, ont déjà reçu une notification du p-APC, en date du 10 août, leur intimant l?ordre de libérer les lieux dans un délai n?excédant pas trois jours. À l?entrée de l?établissement, une tente de couleur bleue est occupée par un jeune couple : «J?étais sinistré bien avant le 21 mai et cette tente est la seconde qu?on m?offre», déclare le mari. Interrogé sur le devenir de sa famille après cet ordre d?expulsion, il dira à plusieurs reprises : «Aujourd?hui, je ne sais pas quoi faire ni ou aller.» À quelques encablures du centre-ville en empruntant une route menant à la cité Les Iris, un décor apocalyptique frappe les la vue. Au CEM Mustapha-Aïssat, 48 familles sinistrées recensées et «casées» dans des chalets de 21 classes en préfabriqué viennent de recevoir une notification pour une prochaine délocalisation. «Ce CEM a été choisi comme un centre d?examen des épreuves du Bac et du BEF et les familles devront, tôt ou tard, quitter les lieux», déclare un agent posté à l?entrée. Une note a même été collée invitant les enseignants à «une séance de travail le 16 août prochain». Les familles seront conduites vers un nouveau site de toile tout près de l?APC. «Au lieu d?enlever les tentes, on est en train d?en installer d?autres», dénonce un sinistré, outré par le comportement «inacceptable» des responsables locaux. «Des familles sinistrées de Belcourt et de Bab El-Oued seront relogées dans des chalets à Réghaïa. Le maire est en train de négocier avec des cadres de la wilaya alors que les sinistrés de Réghaïa, eux, continuent à vivre sous des tentes», affirme un autre en indiquant que ses enfants sont encore traumatisés par cette catastrophe pour se consacrer aux études.