Tipasa Rien ne prédestinait Souhila, 16 ans, à vivre des aventures aussi rocambolesques. Pourtant? Le procès, qui se déroule au tribunal de Koléa, se complique lorsque la jeune demoiselle, du haut de ses seize ans, s?écrie : «Mais ces jeunes gens ne m?ont pas obligée à les suivre. Je les ai suivis de mon plein gré?» Les faits de cette affaire remontent à quelques mois, lorsque la victime, Souhila, après une violente dispute avec sa famille, quitte la modeste maison où elle habite à Aïn Benian et erre jusqu?à attirer l?attention d?un jeune automobiliste qui l?invite à faire une petite promenade à bord de son luxueux véhicule. La jeune fille accepte sans se faire prier? Arrivés à Bou Ismaïl, le jeune homme, tel un forcené, se jette sur sa jeune proie qui se débat si bien que, fatigué, son agresseur la pousse hors du véhicule et l?abandonne. En proie à la détresse, Souhila, qui appréhende la tombée de la nuit, accoste les gens et les supplie de l?héberger. Et voilà qu?un groupe de jeunes hommes de 20 à 35 ans, sensibles aux sanglots de la jeune fille, acceptent de la garder pour la nuit. Ils sont au nombre de neuf et vivent dans un petit chalet à Bou Ismaïl. Une dizaine de jours s?écoule et la jeune fugueuse n?a toujours pas quitté les lieux. Jusqu?à l?arrivée des services de police, qui procèdent à l?arrestation de ses neuf «hôtes». Ces derniers sont formels : «Nous avions beau essayer de la raisonner, elle refusait de rentrer chez elle. Nous avons pensé alerter la gendarmerie, mais nous craignions d?être accusés de séquestration ou d?un autre délit.» Le jour du procès, Souhila, si dans un premier temps, accusait les neuf mis en cause dans cette affaire de l?avoir séquestrée et d?avoir tenté s?en prendre à sa vertu, revient sur sa déclaration : «Je suis restée avec eux de mon propre gré.» Le représentant du ministère public met en exergue la gravité des faits en s?appuyant sur le fait qu?en aucun cas, les jeunes gens n?auraient dû garder la jeune mineure sans avertir les services concernés. Au terme des délibérations, 6 d?entre les mis en cause sont condamnés à 3 ans de prison ferme, alors que les trois autres sont condamnés à 2 ans d?emprisonnement pour séquestration et tentative de viol sur la personne d?une mineure.