Alger 1er juillet 2004. Le tribunal criminel rend son verdict sur une affaire dont les faits se sont déroulés il y a près de trois ans. D. M. 80 ans, est un vieil homme sympathique que tout le monde aime dans le quartier de la Grande-Poste. Un homme sans histoire, généreux, pieux, respecté aussi bien par les jeunes que par les moins jeunes? Toute sa vie, il s?est sacrifié en s?attelant à donner une éducation des plus exemplaires à ses filles et à son fils unique. Rien ne le prédestinait à vivre un des drames des plus horribles qui soit. Un drame qui en a surpris plus d?un. «Ammi M. était l?exemple même de la vertu ; c?était un vieil homme digne, d?une piété et d?une générosité sans bornes. On ne comprend pas pourquoi il a eu une mort aussi atroce !» Le jour du procès, l?accusé, Mohamed B., 55 ans, récidiviste en matière de délits, s?agite dans le box des accusés. «Je n?ai tué personne», clame-t-il à l?assistance. Pourtant, il n?a jamais nié les faits retenus contre lui et ce, depuis le jour de son arrestation, quelques jours après le drame. Commerçant dans le quartier populaire de Belouizdad, D. M. 80 ans, se lie d?amitié avec Mohamed B., chômeur et père de 9 enfants. En fait, le vieil homme est très sensible à la situation de ce père de famille qui a du mal à joindre les deux bouts afin de subvenir aux besoins des siens. Alors, pour lui venir en aide, il lui confie de menus travaux moyennant de coquettes sommes d?argent dont il lui fait don généreusement. Un matin, l?accusé va trouver son bienfaiteur : «J?ai besoin de 1 400 DA. Prête-moi cette somme et je promets de te rembourser très vite.» Le vieux commerçant accepte de lui avancer cette somme. Quelques mois plus tard, alors qu?il le prie de lui restituer son dû, l?accusé se dérobe : «Je n?ai pas encore la somme, attends un peu?» Ce jour-là sera marqué par un drame des plus mémorables pour la famille du défunt. En effet, le vieil homme surprend son ami la main dans le sac : il venait de subtiliser une coquette somme d?argent de la caisse du magasin, encore en travaux... «Remets l?argent à sa place ou j?appelle la police !» Sous l?emprise de la colère, Mohamed B. se jette sur le vieux commerçant, lui assène des coups mortels au niveau du crâne. Ensuite, à l?aide d?une corde, il étrangle la victime et la traîne jusqu?à la cave, l?abandonnant dans un piteux état... Ce n?est que tard dans la soirée que le cadavre du vieil homme est découvert par les membres de sa famille qui s?inquiétaient de son retard inhabituel. Quelques jours plus tard, on procède à l?arrestation de M. B., confondu par de nombreux témoignages. Ce dernier ne nie pas les faits retenus contre lui et raconte sans omettre le moindre détail. Mais voilà que le jour du procès, il nie tout en bloc ! Le représentant du ministère public met en exergue la gravité des faits et requiert la peine capitale. La défense, pour sa part, plaide les circonstances atténuantes en axant sa plaidoirie sur la vie misérable de l?accusé. La cour se retire afin de délibérer et revient avec son verdict : M. B. est condamné à perpétuité pour homicide volontaire avec préméditation, guet-apens et vol. Il devra aussi verser la somme de 10 millions de centimes à la famille du défunt.