Comme si les accusations de Washington et de Londres n?étaient pas suffisantes, voilà qu?Israël veut mettre son grain de sable. Bien que l'attention de Washington et de Londres soit pour l'instant concentrée sur l'Irak, la Libye a été, à plusieurs reprises, au cours des douze derniers mois, la cible d'attaques américaines et britanniques. C'est le secrétaire britannique à la Défense, Geoff Hoon, qui a ouvert les hostilités, en mars 2002, en déclarant devant la commission de défense de la Chambre des communes que son pays était prêt à utiliser l'arme nucléaire contre des «Etats voyous» comme l'Irak, l'Iran, la Libye ou encore la Corée du Nord, si ceux-ci se servaient «d'armes de destruction massive» contre des troupes britanniques. Réagissant vivement à ces menaces, Hassouna el-Chaouch, un haut responsable du ministère libyen des Affaires étrangères, a déclaré, deux jours plus tard : «Nous ne pouvons pas nous taire face à cette menace (?). C'est une tentative stérile de [nous] effrayer.» Le responsable libyen a rappelé, à cette occasion, que son pays a signé plusieurs accords internationaux contre la prolifération d'armes de destruction massive. Dans une communication prononcée deux mois plus tard à la Heritage Foundation, un think-tank néo-conservateur basé à Washington, John R. Bolton, sous-secrétaire américain chargé du contrôle des armements et de la sécurité intérieure, a cité, de nouveau, la Libye parmi les Etats qui parrainent le terrorisme international, l'accusant de produire des armes chimiques et biologiques et de chercher à se doter de l'arme nucléaire. Tripoli «a produit au moins 100 tonnes de différents types d'armes chimiques, avant que son usine de Rabta ne ferme et ne soit reconvertie, en 1995, en usine pharmaceutique. Après la suspension des sanctions de l'Onu en 1999, la Libye a rétabli ses contacts avec des sources illicites étrangères au Moyen-Orient, en Asie et en Europe occidentale en vue d'obtenir des équipements et des agents chimiques précurseurs. Les Etats-Unis croient que la Libye poursuit son programme d'armes biologiques. Bien qu'il soit encore au stade de la recherche et du développement, [ce pays] pourrait avoir la capacité de produire de petites quantités d'agents biologiques». Bolton a également évoqué les efforts libyens dans le domaine atomique. Reprenant à son compte, début septembre 2002, ces allégations, sans toutefois citer nommément leur auteur, le Premier ministre israélien Ariel Sharon a cru pouvoir dénoncer, lui aussi, les efforts de la Libye en vue de se doter de l'arme nucléaire. Selon lui, Tripoli serait le pays arabe le plus avancé dans ce domaine et constituerait, de ce fait, la menace la plus sérieuse pour la sécurité d'Israël. Dans un rapport remis, en décembre 2002, au Congrès américain, et qui couvre la période allant du 1er juillet au 31 décembre 2001, la CIA a accusé de nouveau la Libye, la Syrie et le Soudan de tenter patiemment d'acquérir des armes de destruction massive ou d'avoir déjà acquis la capacité de développer des arsenaux de ce type. La centrale de renseignements a estimé également que les trois pays, qui «ont développé la capacité de produire des armes chimiques depuis de nombreuses années, [...] pourraient être intéressés par les armes biologiques». Tripoli a toujours nié ces affirmations, qui sont du reste très difficiles à vérifier. Cela n'a pas empêché les médias américains de les reprendre en ch?ur, semant ainsi le trouble dans les esprits.