Challenge Une bonne gestion hospitalière en Algérie semble vitale pour un pays qui veut maintenir la gratuité des soins, mais qui ne doit pas le faire à n?importe quel prix. La réforme intervenue depuis quelques années visant à instaurer de nouveaux statuts qui régissent les établissements de santé et qui permettent de regrouper la technique et les équipements pour obtenir une meilleure gestion du matériel n?ont pas encore donné les résultats escomptés et tous les indicateurs le montrent. La hausse des prix des médicaments, l?inadaptation des prix de remboursement par la Caisse nationale des assurances sociales (Cnas) quand remboursement il y a, ont contraint plus d?un malade à se passer du traitement. «La recrudescence ou le retour des maladies de la pauvreté comme la tuberculose, la poliomyélite, le paludisme ou les Maladies sexuellement transmissibles (MST) sont l?effet direct de la détérioration du système de santé national qui en est encore au stade de la recherche d?une politique», nous dit le Dr F. S., spécialiste au service de gynécologie au CHU de Beni Messous. Aujourd?hui, les grands spécialistes s?accordent à dire que les chargés de ce secteur vital pour la population doivent penser que la réforme du système de santé «passe par la création de régions sanitaires, une manière de prendre en compte les spécificités régionales, de favoriser une plus grande couverture du territoire et d?offrir une meilleure possibilité de redéploiement des personnels», dit le Dr Z'merli, SG du CHU de Beni Messous. La disparité entre les régions est un grand paradoxe du système sanitaire algérien. «D?un côté, on voit l?inauguration d?unités d?intervention chirurgicale sophistiquées et de l?autre on voit des malades chroniques recourir aux petites annonces pour obtenir le produit vital», nous explique un spécialiste à l?hôpital de Beni Messous. Les transferts de malades à l?étranger, dont le nombre semble officiellement se réduire, sont appelés à être endigués. «En 1995, il y avait 5 000 malades qui se faisaient soigner à l?étranger, alors qu?il n?y en a plus que 700 aujourd?hui», ajoute-t-il. «Comment obtenir que les hôpitaux offrent des prestations de qualité lorsque l?on connaît l?ampleur des dysfonctionnements ? Il faut, en effet, savoir que 40% du budget des établissements publics de soins sont à la charge de la Caisse nationale des assurances sociales et que 70% de ce budget sont destinés aux salaires du personnel», a dit un responsable de la direction des affaires sociales au CHU de Beni Messous. «L?hôpital doit donc être au centre des restructurations à engager pour éviter qu?il ne se dégrade, car les chiffres le montrent, la fréquentation des hôpitaux baisse au fil des ans.» Une enquête menée, il y a quelques années, montre que seules 12% des consultations se déroulaient dans les 185 secteurs sanitaires du pays (entités administratives composées de polycliniques, de centres de santé et d?hôpitaux non universitaires), ce qui revient à une visite d?un Algérien sur 20 malades, devant les cliniques privées (9%), ajoute notre interlocuteur. Faute de moyens, de plus en plus d?Algériens renoncent à se soigner et la situation des malades chroniques est devenue dramatique. On s?adresse de plus en plus aux services des urgences où les soins sont moins chers. Par ailleurs, les médicaments, même les plus essentiels, sont hors de portée des petites bourses, ce qui n?a pas empêché l?émergence d?une mafia qui a accaparé l?ancien monopole de l?Etat à l?importation. «Parallèlement à l?appauvrissement du secteur public de la santé, s?est développé un secteur privé dont les pratiques et les tarifs ne sont pas contrôlés par les autorités sanitaires», explique notre interlocuteur. Le secteur privé, qui attire un nombre sans cesse croissant de praticiens, car plus attractif sur le plan financier, n?est accessible qu?à une minorité d?Algériens. Par les chiffres - 176 hôpitaux régionaux, avec un total de 31 396 lits. - 9 cliniques d?hospitalisation, avec 591 lits. - 13 CHU (Centre hospitalier universitaire) avec un total de 15 845 lits. - 21 EHS (Etablissement hospitalier spécialisé) avec un total de 5 913 lits. - Algérie : 1 médecin pour 1 300 habitants. - France : 1 médecin pour 315 habitants.