Ce qui s?est passé à El-Kerma, près d?Oran, où des émeutes ont eu lieu et où la tension persiste, constitue un signal d?alarme. 55 000 logements sociaux devront être distribués d?ici au 31 décembre. Est-il possible d?éviter, ici et là, d?autres émeutes, d?autres mouvements de protestation ? Des centaines de citoyens de la commune d?El-Kerma, dans la wilaya d?Oran, sont descendus, hier, dimanche, dans la rue pour protester violemment contre la liste de bénéficiaires de logements sociaux publiée récemment par l?APC. Pour la seconde fois depuis mercredi, les manifestants ont bloqué les axes routiers menant à Oued Tlelat et à Sidi Bel Abbes après avoir appris que la liste tant contestée n?a pas été annulée comme cela leur a été promis. Les services de la Gendarmerie nationale sont intervenus pour débloquer les routes, mais leur tâche n?a pas été facile face à la détermination des manifestants à ne pas lâcher prise. Ce qui a provoqué de violents affrontements entre les deux parties. Ce qui s?est passé à El-Kerma peut se reproduire dans n?importe quelle commune du pays concernée par l?opération de distribution des 55 000 logements sociaux avant la fin de l?année. C?est que l?offre est plus qu?insignifiante comparée à la demande. Pour bénéficier de ces 55 000 unités, des centaines de milliers de demandes ont été présentées. Inévitablement, toute opération de distribution fera, certes, des heureux, mais aussi et surtout un très grand nombre de mécontents. C?est justement pour éviter la colère des citoyens que des milliers de logements n?ont pas été distribués ces dernières années. Ce qui est considéré comme une «erreur fatale», sachant que la demande augmente de jour en jour. Aujourd?hui, distribuer des logements sociaux dans n?importe quel coin du pays est synonyme de risque d?émeutes et d?affrontements. Un risque que la récente décision des pouvoirs publics de confier la distribution des logements sociaux aux chefs de daïra ne peut dissiper en ce sens qu?aucune liste de bénéficiaires, aussi juste soit-elle, n?est en mesure de faire l?unanimité parmi les demandeurs qui s?estiment tous en droit de bénéficier d?un logement. D?ici à l?échéance annoncée du 31 décembre, le pire serait à craindre.