Autrefois, beaucoup de gens allaient pieds nus, h'afi, les chaussures coûtaient cher et quand on en possédait, il fallait les réserver pour les grandes occasions. Marcher pieds nus symbolisait aussi la pauvreté, le dénuement total. ll pouvait aussi représenter, quand il était voulu, une volonté de modestie et d'humilité, notamment chez les vieux personnages et les saints. On connaît le saint oriental, Bichr El-Hafî, qui avait fait le v?u, pour expier les fautes qu'il avait commises, de marcher toute sa vie pieds nus. Un des miracles des saints maghrébins est de marcher sur des épines, dans la neige ou sur des braises, sans ressentir de mal ni éprouver de blessure ou de brûlure. Dans la tradition algérienne et maghrébine, il est mal vu d?entrer chaussé dans un sanctuaire, un mausolée ou une mosquée. ll faut, à l'entrée même du lieu, se déchausser : c'est une façon de montrer qu'on vient en visiteur humble, mais aussi qu'on n'a pas l'intention de s'approprier le lieu ou violer son intimité. Des lieux sont même réservés dans les mosquées pour ranger les souliers qu?on enlève quand on entre dans la salle de prière et qu?on reprend quand on en sort. Cette attitude persiste chez la plupart des gens quand ils se rendent chez les autres. L'idée admise, à savoir ne pas vouloir salir la maison où on entre n?est pas de mise car, en réalité, il s'agit de ne pas s'imposer, de respecter l'intimité des lieux. Les maîtres des lieux auront beau insister pour que les visiteurs gardent leurs chaussures, ceux-ci refuseront. Cela fait partie des règles de la bienséance...