Portrait Le romancier est passé dans le monde de la littérature mexicaine, voire universelle, comme une comète qui apparaît puis disparaît. L?Institut Cervantès (Centre culturel espagnol d?Alger) ?uvre à jeter les ponts entre les cultures hispaniques surtout, à les rapprocher pour mieux les connaître, ouvrant ainsi les débats, favorisant le dialogue, donc l?échange et la compréhension entre les idées et les sociétés. Une rencontre s?est tenue à cet effet à la Bibliothèque nationale autour de l?écrivain mexicain Juan Rulfo ; la conférence a été donnée par Juan Carlos Medez Guédez. Lors de ce rendez-vous littéraire, l?intervenant a présenté la caractéristique du discours littéraire de Juan Rulfo, une écriture bien atypique, propre même à la personnalité de l?écrivain, et qui constitue le gîte d?un «moi» fluide, insaisissable, secret, et énigmatique. L?on parle d?emblée d?une écriture mystérieuse. Juan Rulfo est passé dans le monde de la littérature mexicaine, voire universelle comme une comète qui apparaît puis disparaît. Si d?ordinaire, les écrivains font toute une carrière pour acquérir une certaine renommée littéraire, Juan Rulfo, lui, n?a eu besoin que de deux livres, durant toute sa vie, pour s?assurer une brillante carrière littéraire et une grande notoriété. Ce qui fait de Juan Rulfo un écrivain accompli, c?est bien, à l?évidence, son ?uvre littéraire, une écriture dense, distinctive et significative. Même si en apparence elle paraît simple et dépouillée ; c?est une écriture relevée, construite et soumise à une recherche stylistique et syntaxique rigoureuse. En fait, ce qui fait de Juan Rulfo un écrivain bien particulier, c?est son troisième roman, La cordelière et les fantômes, un livre qui, cependant, n?a jamais existé. Un roman fictif. C?est «un roman qui reste, pour nous, actuellement, comme une chimère, une possibilité, un nom, un projet toujours renvoyé aux calendes grecques», explique l?intervenant, en ajoutant : «Rulfo, son auteur, en a déchiré ses pages?» Une question s?impose : comment peut-on parler d?un roman qui n?a jamais existé ? Comment formuler une critique, annoncer des hypothèses et avancer des arguments sur une écriture dont la matérialité est irréelle ? En réalité, c?est dans l?un de ses deux romans, Pedro Paramo, un livre publié en 1955, que l?auteur, à partir d?indices, a formulé l?intention de rédiger son troisième livre. Ce roman (Pedro Paramo) «élabore des mots difficilement palpables», précise le conférencier, ajoutant que le livre représente avant tout «une fiction basée sur des voix», «des paroles qui arrivent du lointain» pour nous dire le projet littéraire de Juan Rulfo, celui d?écrire un livre et cette particularité qui fait la notoriété littéraire de Juan Rulfo. Il s?avère être un roman qui en contient un autre : l?un s?emboîte dans l?autre, conférant de fait la caractéristique de l?écriture de Juan Rulfo. Les mots qui composent et structurent le roman, La cordelière et les fantômes, opèrent de manière à donner, selon l?intervenant, «une autre grande leçon d?écriture», c?est-à-dire une autre façon de concevoir un récit narratif particulièrement opérationnel, déterminant, constituant «une invitation à l?intelligence ainsi qu?à l?imagination», explique ce dernier.