Constantine Un époux scandalisé comparaît devant le tribunal criminel car, dans un moment de colère, il éborgne son épouse avec une fourchette ! Nous sommes le 19 décembre 2004 et pour la énième fois, le président du tribunal reprend les procès-verbaux dressés par le juge d?instruction et dans lesquels l?accusé reconnaît les faits retenus contre lui. «Vous revenez sans cesse sur vos déclarations? Nous n?allons tout de même pas y passer la journée? ? Je n?ai, de ma vie, levé le petit doigt sur mon épouse? Je ne lui ai ni crevé l??il ni causé la fracture au pied droit, M. le président? ? Qui serait alors l?auteur d?un acte aussi barbare ? ? Je n?en sais rien ! Ma femme ne s?est jamais montrée à la hauteur de ma confiance? ? C?est-à-dire ? ? Je lui interdisais de mettre les pieds dehors, mais elle ne m?écoutait jamais. Elle profitait de chacune de mes absences pour sortir. Elle n?en fait qu?à sa tête? ? Nous ne sommes pas ici pour faire le procès de votre femme, mais le vôtre?» Les faits remontent au 28 avril 2004, à El-Khroub. Aïssa, en revenant d?une promenade, est surpris par la présence de sa femme au niveau du parking. «Que fais-tu dehors à cette heure-ci ? ? Je me promène !» Fou de rage, Aïssa s?empare d?une canne et assène plusieurs coups à la malheureuse Louisa. Cette dernière, d?ailleurs, rentre difficilement à la maison. Elle subit encore les remontrances et les menaces d?un Aïssa, complètement transformé par la colère : «Tu payeras ton entêtement très cher !» Et joignant le geste à la parole, Aïssa s?arme d?une fourchette et frappe sa femme violemment au niveau de l??il droit. Evacuée tout en sang à l?hôpital, Louisa, effondrée et hurlant de douleur, répète tout au long du trajet : «Je ne te pardonnerai jamais? Jamais !» Le médecin légiste lui délivre un certificat d?incapacité de travail de cinquante jours. Le diagnostic révèle une fracture du pied droit et la perte de l??il droit. Lorsque le représentant du ministère public prend la parole, c?est pour mettre en exergue la gravité des faits : «L?accusé a agi intentionnellement et volontairement. Je requiers une peine de sept ans de réclusion.» L?avocat de la défense, pour sa part, plaide les circonstances atténuantes pour absence de preuves. Au terme des délibérations Aïssa est condamné à quatre ans de réclusion.