Résumé : Mouhoub est content de lui. Il a pu trouver un travail et s'inscrire dans un collège. La chance lui sourira davantage, car son sérieux ne passe pas inaperçu. 47eme partie Il était satisfait et ne rechignait pas au travail. Il s'était inscrit à un collège pour les après-midi et se réveillait tous les matins avec le chant du coq pour courir au magasin. Des années passent. Mouhoub récoltaient diplômes et savoir. Avec quelques économies, il avait pu s'acheter un petit studio juste en face de la librairie. Sa bonne éducation et son sérieux lui attirèrent la sympathie des clients et de son patron. Si bien que ce dernier lui proposa un jour de travailler dans une imprimerie qui venait d'ouvrir ses portes. - Avec ton instruction et ta jeunesse, tu iras loin, mon fils, lui dit-il. Mouhoub suivant le conseil de cet homme, qu'il considérait comme un ami fidèle, ne tarde pas à envoyer sa demande d'emploi et on lui répondit, au bout d'une petite semaine, que vu ses références, il pourra se présenter pour un test d'embauche dans les jours à venir. C'est ainsi que par un beau matin, Mouhoub, le petit libraire du coin de la rue, se retrouve promu au poste de chef de la section impression, dans une imprimerie nouvellement lancée, et qui utilisait déjà la rotative et les machines à écrire. Une nouveauté en ce début du siècle ! Il avait 20 ans à peine et tous les rêves lui étaient permis ! Un jour, il eut la nostalgie du bled et pensa sérieusement à rendre visite à sa famille. Il sait que son père lui en voulait encore, car il n'avait reçu de réponse à aucune de ses missives. Mais en bon fils, il saura comment lui faire comprendre raison et lui démontrer qu'en fin de compte, il avait réussi dans ses études et venait d'entamer une belle carrière. Il demande un petit congé, prépare ses bagages et, cette fois, paye le billet du bateau sans trop de mal. Il avait même assez d'argent pour acheter quelques cadeaux et souvenirs à toute sa famille. Mal lui en prit, car à son retour, il ne retrouve personne dans la veille maison de ses parents. Les gens du quartier lui apprirent que sa mère et son père étaient morts dans l'année, l'un derrière l'autre. La nouvelle du frère aîné tombé sur un front de guerre en Europe les avait anéantis. Le second de ses frères, ne supportant pas le vide des lieux, avait préféré vendre la maison et partir s'installer ailleurs. Personne ne l'a plus revu depuis son départ qui remonte déjà à plusieurs mois. Mouhoub s'assit sur une marche d'escalier et prenant sa tête entre ses mains se met à pleurer à chaudes larmes. À la nuit tombée, il se rappelle que sa jeune tante germaine habitait autrefois sur les hauteurs de la ville et se demande s'il n'allait pas encore découvrir d'autres surprises s'il se rendait chez elle. Mais elle était encore bien là. Un peu plus âgée, mais toujours solide sur ses pieds. Elle le reçut à bras ouverts et pleura avec lui. Mouhoub anéanti par le chagrin passa plusieurs jours au lit. Un matin, il se lève, et prépare sa valise pour repartir en Europe. Désormais, c'est là-bas qu'il devrait vivre. Cette ville lui rappelle trop de souvenirs. Maintenant que ses parents ne sont plus là, il n'aura plus de raison pour penser à rentrer ou même à venir passer ses vacances. Mais sa tante Malika l'en dissuadera. Après tout, elle est sa famille elle aussi et son fils Zouhir, qui vient d'atteindre ses 20 ans, sera toujours son cousin, son frère, et son compagnon. Y. H. (À suivre)