Le président de la République s?est prononcé implicitement pour l?interdiction de l?importation des véhicules de moins de 3 ans. Les concessionnaires automobiles, qui n?ont pas cessé d?appeler à l?instauration d?une telle mesure, doivent s?en réjouir. Le président de la République a peut-être sonné le glas de l?importation des voitures de trois ans. Hier, lors de l?inauguration du car-ferry «Tassili II» au port d?Alger, il a affirmé que «les trois années du véhicule ne reflètent nullement la véritable année de construction». Son argument : «A l?heure de l?Internet et de l?informatique, les compteurs sont facilement falsifiables», a-t-il asséné pour rappeler, avec des termes à peine voilés, qu?il s?agit d?une «grosse arnaque» dont pourraient pâtir des milliers de nos concitoyens. Faisant étalage de ses connaissances en matière de mécanique auto, Bouteflika a ajouté que «le compteur n?est pas un élément fiable pour connaître l?âge exact de l?automobile» et que par conséquent «le problème doit être revu». Revu par qui ? Le message s?adresse évidemment aux parlementaires qui, faut-il le rappeler, avaient reconduit la loi autorisant l?importation de ce type de véhicules dans le cadre de loi de finances 2005 au grand dam de Abdelatif Benachenhou, premier argentier du pays, qui voulait lui sa suppression pure et simple. Les véhicules de moins de trois ans ont, les statistiques l?attestent, inondé le marché algérien. 100 000 véhicules de ce type sont importés annuellement et forment quelque 10% de la totalité du parc automobile national. L?engouement pour ce type de véhicule est suscité avant tout par l?érosion du pouvoir d?achat : pour un Algérien au revenu modeste, un véhicule de moins de trois ans revient beaucoup moins cher qu?un véhicule neuf importé par les concessionnaires. L?annonce du président de la République fera évidemment des heureux dans le camp des concessionnaires auxquels le chiffre de 55 000 véhicules neufs injectés annuellement dans le marché algérien n?est pas du tout une affaire juteuse. Ceux-ci sont les premiers partisans et surtout les premiers bénéficiaires de la suppression de cette loi dont «le maintien est contraire aux options libérales du marché», s?offusquent-ils à l?unisson.