Interrogation Quel changement peuvent apporter les prochaines élections puisqu?elles ne suscitent pas l?engouement du peuple irakien ? A Bagdad, les attentats sont quotidiens. Ces derniers jours, les résistants ont multiplié les attaques contre les forces de sécurité irakiennes dans la région située au nord et pour la journée d?hier dimanche, plus de 40 personnes ont péri dans les violences, dont 18 gardes nationaux tués dans une attaque-suicide au nord de la ville. L?agression a été revendiquée par le groupe de l'islamiste Abou Moussab Al-Zarqaoui. D?ailleurs, un tract, portant la signature du groupe Al-Qaîda, placardé sur des bâtiments publics à Balad, Samarra et Dhoulouiyah avertit qu?«une revanche a été prise, avec l'aide de Dieu, sur des agents de l'apostat (le Premier ministre irakien Lyad Allaoui) dans un camp de Balad». Le texte, dont l'authenticité ne peut être vérifiée, menace : «Les prochains jours connaîtront plus de résistance et ces agents seront attaqués dans leurs maisons.» La situation est explosive. Vingt autres Irakiens ont été tués dans d'autres attaques à travers le pays. Un membre du conseil de la province de Salaheddine (nord), Ali Abdel-Hussein al-Khazraji, et ses quatre gardes du corps ont été tués dans une embuscade tendue par des inconnus près d'Al-Doujeil (40 km au nord de Bagdad). Trois policiers ont été tués et un quatrième grièvement blessé par des hommes qui ont tiré sur eux à partir d'une voiture à Bassora (Sud). Un fonctionnaire du ministère du Pétrole et deux gardiens d'un bâtiment public ont été tués et trois autres personnes enlevées par quinze assaillants qui ont attaqué des dépôts du ministère de l'Education. Trois policiers ont également péri dans une embuscade près de Samarra. Côté politique, les premières réticences politiques se manifestent déjà. En effet, les douze membres de la Commission électorale à Baïji ont démissionné après avoir reçu des menaces de groupes armés. De son côté, le principal parti sunnite irakien, qui s'était retiré de la course électorale, a affirmé qu'il rejetterait la Constitution élaborée par l'Assemblée issue de ce scrutin. «Nous récuserons la légitimité des résultats des élections. L'Assemblée nationale sera dépourvue de légitimité. Nous la récuserons de même que la Constitution qu'elle rédigera», a affirmé à Al-Djazira le secrétaire général du Parti islamique irakien, Tarek Al-Hachemi. On s?interroge donc sur l?impact d?un scrutin pris dans la spirale de la violence. Apparemment, le seul à retenir est celui des explosions de bombes et des balles qui sèment la mort aux quatre vents.