La journée d'hier a été particulièrement sanglante, plusieurs attentats ont ciblé policiers et militaires irakiens. Plusieurs attaques ont ciblé dans la journée d'hier les forces de sécurité irakiennes faisant plus de trente morts parmi les policiers et les gardes nationaux. A moins de deux semaines des élections générales du 30 janvier, la situation sécuritaire s'est totalement dégradée en Irak et les déclarations optimistes des autorités intérimaires irakiennes et des officiels américains semblent totalement en porte-à-faux face à la réalité du terrain. Un terrain ensanglanté où il ne se passe plus de jours où on ne signale pas d'attaques meurtrières de la guérilla irakienne, aujourd'hui mieux organisée et plus pugnace. A Baâqouba, huit Irakiens ont été tués, dont sept militaires, hier lors d'une attaque contre un poste de contrôle à l'entrée de cette ville rebelle. A Baïji, au nord de Bagdad, bastion des insurgés, sept policiers ont été tués et 15 autres blessés lors d'un attentat contre le poste de police de la localité. Hier encore, à Kout, sur l'autoroute, au sud de Bagdad, 13 gardes nationaux ont été assassinés par des hommes armés. Ces attaques récurrentes contre les forces de sécurité irakiennes démentent quelque peu la sérénité dont fait montre le Premier ministre intérimaire irakien, Iyad Allaoui, qui ne semble pas faire cas d'une résistance à l'occupation s'exprimant quotidiennement par la violence depuis l'accession au pouvoir à Bagdad du gouvernement intérimaire, installé en juillet de l'année dernière par l'ancien administrateur en chef américain, Paul Bremer. Depuis, la situation n'a fait qu'empirer et l'autorité intérimaire irakienne ne contrôle rien dans le pays où l'anarchie règne en maîtresse alors que les villes et villages du pays sont livrés à la loi de bandes armées qui tirent profit du chaos dans lequel est plongé le pays, pour détrousser les voyageurs, voler les citoyens. Ces bandes armées, qui ne font partie ni de la résistance ni de la guérilla anti-américaine, font régner la terreur sur le pays, tuant et volant dans l'impunité totale en l'absence de l'Etat. Treize corps criblés de balles ont ainsi été retrouvés dimanche, pas loin de Latifiyah, au sud de Bagdad, c'étaient des personnes assassinées par ces bandes armées qui écument les autoroutes et les routes du pays. De fait, plus de cinquante personnes ont été tuées en Irak lors des dernières quarante-huit heures, soit du fait de la guerre qui oppose la guérilla irakienne aux forces armées américaines et les services de sécurité irakiens, soit du fait des bandes de criminels qui écument le pays. Le président Bush, qui a réitéré à la veille de son investiture pour le second mandat, «être confiant dans sa politique irakienne» ne semble pas prendre en compte le fait que l'Irak se transforme peu à peu en Vietnam pour l'actuelle administration américaine qui ne voit pas que les choses vont de travers en Irak et ne répondent guère à leur attente, que la chute du régime de Saddam Hussein n'a pas apporté aux Irakiens la liberté, la démocratie, et le mieux-être auquel ils aspirent et comme ne cesse de le promettre l'hôte de la Maison-Blanche, alors que l'armée d'occupation américaine ne cesse d'être renforcée puisqu'elle voit ses effectifs portés à 150.000 hommes. Or, l'évolution de la situation pourrait entraîner, selon un officier supérieur américain, «l'affectation de 10.000 conseillers américains supplémentaires de l'armée de terre auprès de unités irakiennes» lesquelles unités ne sont toujours pas opérationnelles. En fait, la situation en Irak est dramatique et dément les déclarations lénifiantes des responsables provisoires irakiens et de leur mentors politiques américains. De fait, cet optimisme de commande est quelque peu tempéré par les hommes de terrain pour lesquels la situation pourrait s'aggraver davantage à l'approche du scrutin du 30 janvier. C'est le plus haut gradé américain en Irak, le général George W. Casey, commandant des forces multinationales dominées par les troupes américaines, qui déclarait hier qu'il fallait prévoir un redoublement de la violence indiquant: «Nous (les Américains) et les forces de sécurité irakiennes feront tout ce qui est en notre pouvoir pour garantir que le citoyen irakien pourra sortir et voter en toute sécurité», affirmant par ailleurs: «La violence se poursuivra au même niveau pour un certain temps. L'insurrection, comme le montre l'histoire, est longue à vaincre» estimant par ailleurs qu' «entre les forces de la coalition et les forces de sécurité irakiennes, nous aurons plus de 300.000 hommes disponibles le jour des élections». Des élections qui se tiendront quasiment sous la loi martiale sans que le scrutin soit assuré dans des conditions de crédibilité acceptables.