Débat L?édition en Algérie connaît un bond, mais reste attachée à des circonstances événementielles. L'Année de l'Algérie en France (2002/2003) a été une saison particulière pour le monde de l'édition avec un foisonnement en matière de publications et de traductions. Il n'en demeure pas moins que la célébration du cinquantième anniversaire de la Révolution a permis un rebond salutaire ; les témoignages émanant de moudjahidine mais aussi d'historiens se sont multipliés. Malgré leur multiplication ces dernières années, des maisons d'édition ? elles avoisinent actuellement la centaine ?, seule une vingtaine d'entre elles, des secteurs étatique et privé, continue à produire régulièrement, confie Azzeddine Guerfi, responsable des éditions Chihab et membre du Syndicat des éditeurs du livre, soulignant à ce propos que, hormis l'Année de l'Algérie en France, le volume et la qualité des publications n'ont pas connu de changement. Si le monde de l'édition continue à fonctionner grâce à certains stimulants et aux efforts de certaines parties, le Syndicat des éditeurs et le Syndicat des libraires mènent, quant à eux, une bataille sans merci et ne ménagent aucun effort pour asseoir une stratégie claire susceptible de booster la politique d'une édition fiable et efficace en Algérie, loin de tout aspect événementiel. Pour pallier l'épineux problème de publication, les éditeurs algériens demandent aux pouvoirs publics de revoir la loi de finances 2005, fort contraignante à leurs yeux, afin de réviser à la baisse la taxe et droits de douane appliqués à certains produits, tels l'encre et le papier, qui entrent dans la confection du livre. Ils estiment que les sommes versées pour ces matières et jugées faramineuses, ont une incidence directe sur la cherté du livre pouvant générer une crise de récession de ce produit économique et culturel. A cette problématique de taxation à laquelle se trouvent confrontés les éditeurs vient se greffer un autre souci, de non moins grande importance : l'absence de réseaux de distribution fiables et efficaces susceptibles de faire parvenir au lecteur, grâce aux librairies et à certains points de vente implantés dans les régions et localités les plus éloignées du pays, cette «denrée» qui se fait de plus en plus désirer. Enfin, pour les professionnels du livre, l'absence de politique claire de la chaîne éditoriale ajoutée à l'épineux aspect financier, poussent certains libraires à verser dans la contrefaçon et le piratage. Ainsi, plus de 400 titres sont concernés par ce phénomène, vis-à-vis duquel ils s'insurgent fermement. Les spécialistes du livre ont, à maintes reprises, insisté sur l'application du cadre juridique pour une meilleure gestion des réseaux éditoriaux en Algérie, une meilleure prise en charge du livre par l'Etat qui veillera au renforcement des librairies, ainsi que l'instauration d'un véritable réseau professionnel. Ainsi, aux yeux des maisons d'éditions, seuls les grands événements tels les foires nationales et internationales du livre sont à même de permettre aux spécialistes d'améliorer le contenu et la forme du livre et de débattre des problèmes rencontrés sur le terrain, en attendant un signe positif des parties concernées par cette problématique, susceptible de promouvoir une politique claire de l'édition en Algérie.